Aïcha a banni les mots « hchouma », « ouled zna », « kah** ». Derrière chaque insulte, elle ne voyait que des femmes violées, abandonnées, malmenées, jetées dehors, livrées aux prédateurs, et des enfants partageant le même sort. Elle leur a donné un toit, un métier, et plus encore, une identité !
Lorsque jour après jour, durant ce long mois de ramadan, elle m’a raconté ce chapelet d’histoires toutes pareilles, toutes différentes, dont le fil directeur n’était autre que la misère, nous optâmes pour le titre Miseria.
Ce fut le premier livre qui obtint le Prix Grand Atlas dans une toute nouvelle catégorie. Récits et témoignages en 1998. Suivirent des traductions (arabe, anglais), des rééditions. Nous publiâmes aussi Le goût de la solidarité, petit livre de cuisine composé de recettes, réalisées par ces femmes, chaînes de solidarité.
Les années passant, nous étions en droit de nous demander ce qu’étaient devenus, les enfants, les mamans, que nous avions côtoyées ? À hautes voix fut le titre choisi, Les enfants de Miseria ayant été écarté par les intéressés eux-mêmes, trop marqué à leur goût et pas suffisamment porteur d’espoir.
Aïcha n’est plus, mais nous sommes riches de son enseignement, de ses acquis. Inscrivons le personnel de maison à la sécurité sociale, à des cours d’alphabétisation, lorsque c’est possible, respectons l’âge du travail des enfants. Respectons les acquis qu’elle a obtenus, pour lesquels elle s’est battue sa vie durant. Faisons notre part du chemin.
Layla Chaouni, directrice, fondatrice des éditions le Fennec depuis 1987.
Miseria, À hautes voix et Le goût de la solidarité sont disponibles sur Qitab.ma, au sein de l’Association Solidarité Féminine et sur le site de l’éditeur Le Fennec.
«À haute voix»
45 DH
Ou
«Miséria»
45 DH
Ou
«Le goût de la solidarité»
120 DH
Ou