Rabat. Une grosse Mercedes fait halte devant l’hôtel The View à Hay Ryad. Il ne s’agit pas d’un modèle récent, mais la berline allemande scintille dans une sorte de majesté chromée, semble avoir été minutieusement entretenue. Agile, le chauffeur glisse hors du véhicule et, esquissant une légère génuflexion, ouvre la portière arrière. De l’habitacle se dégagent des volutes de fumée. Notre homme en surgit, cigare à la bouche, l’allure affûtée, la démarche leste. Lui, c’est Abdeslam B., l’archétype du haut commis de l’État. Ingénieur polytechnicien, diplômé au milieu des années 1970, il a trusté les sommets de la haute fonction publique. Les postes se sont succédé, ministères, agences, EEP ; les honneurs ont fusé, mais…