Deux ans d’enquête dans les coulisses du pouvoir en France, au Maghreb et au Moyen-Orient. Christian Chesnot et Georges Malbrunot ont mené une centaine d’entretiens avec des diplomates, des hauts gradés de l’armée, des hommes du renseignement, des hommes d’affaires et des chercheurs pour mieux évaluer la stratégie diplomatique déployée par la France dans cette partie du monde.
Spécialistes du Moyen-Orient qu’ils sillonnent depuis une trentaine d’années, les deux journalistes ont analysé la diplomatie française et sa perception au Qatar, en Arabie Saoudite, aux Émirats arabes unis, au Liban, en Irak, en Algérie, en Iran et bien sûr au Maroc, pays avec lequel les relations ont longtemps été au beau fixe.
Diagnostic : un “déclassement” depuis une quinzaine d’années, la France ayant longtemps été perçue dans la région comme une “voix indépendante, à mi-chemin entre Moscou et Washington”, pour dégringoler au rang de “puissance moyenne”.
Comment expliquer ce déclin ? Depuis quand les relations diplomatiques se dégradent-elles ? L’ouvrage situe l’aube de ce grand déclassement à la fin du mandat de Jacques Chirac. Lui qui s’était opposé à l’invasion américaine en Irak (2003) avait finalement opéré un rapprochement avec les États-Unis et Israël qu’avaient peu goûté les pays de la région.
«Le déclassement français»
249 DH
Ou
Sous Nicolas Sarkozy, “après avoir déroulé le tapis rouge au colonel Kadhafi et à Bachar Al Assad, la France a brusquement changé de cap en soutenant des révolutions, sans anticiper qu’elles pouvaient être éphémères, pire même, porteuses de risques jihadistes”.
François Hollande s’amusait quant à lui de n’avoir jamais lu un seul télégramme diplomatique pendant son mandat… Quinze ans d’une politique étrangère versatile, dont Emmanuel Macron va faire les frais et que son volontarisme n’aura pas su enrayer — du moins jusque-là.
“Macron l’Oriental”
Christian Chesnot et Georges Malbrunot ont suivi le président Macron dès le début de son mandat en 2017, notamment lors de ses déplacements au Qatar, en Arabie Saoudite, aux Émirats arabes unis, au Liban et en Irak, recueillant impressions à chaud et anecdotes.
À l’heure du bilan de son quinquennat, les auteurs ont ainsi compilé un certain nombre de maladresses qui n’ont fait que précipiter ce “déclassement”.
Dans une interview accordée à TelQuel en mars dernier, Christian Chesnot évoquait là encore la personnalité du président pour expliquer des relations diplomatiques déclinantes : “On a perdu, sous le quinquennat Macron, cette dimension sentimentale qui liait les deux pays.”
Un président “sans affect”, “pragmatique” et “centré sur les deals”, qui s’est pourtant distingué par sa bonne volonté, notamment sur la question mémorielle en Algérie et après l’explosion au port de Beyrouth.
Mais la méthode a fait défaut. Taxé d’ingérence, de provocation, voire de néocolonialisme, Emmanuel Macron est allé d’échecs en déconvenues. Et au lendemain de sa réélection, c’est le refrain de certains acteurs interviewés dans l’ouvrage qui résonne : “Saura-t-il écouter davantage ?”
«Le déclassement français»
249 DH
Ou
Le déclassement français. Élysée, Quai d’Orsay, DGSE : les secrets d’une guerre d’influence stratégique, Christian Chesnot et Georges Malbrunot, éditions Michel Lafont, 2022
Commandez ce livre au prix de 249 DH (+ frais d’envoi) sur qitab.ma ou par WhatsApp au 06 71 81 84 60.