Dans un coffret de cuir gravé, les éditions Marsam proposent une immersion en musique dans l’univers d’un des plus grands luthistes marocains. Disparu en 2016 à 65 ans, Saïd Chraïbi a laissé un héritage de 500 œuvres, un patrimoine à lui seul.
La maison d’édition rbatie, fondée par son frère Rachid Chraïbi, a sélectionné onze albums du compositeur qui couvrent l’ensemble de sa carrière : Le plectre d’or, Rêve de Fès, La clé de Grenade 1, La clé de Grenade 2, Roubaïate, Al Foroussia, Ifrane, Souleïmane, Mawlid, De l’Assyrie aux Ahwachs et Safar. Chaque CD est accompagné d’un livret contextualisant l’œuvre, tandis qu’une biographie-hommage est également intégrée au coffret.
«Coffret Saïd Chraïbi»
1500 DH
Ou
Le maître du oud
Le premier album donne son titre au coffret, Le plectre d’or étant devenu le surnom de l’artiste dès 1986, lorsqu’il remporte le prix éponyme lors d’un concours à Badgad auquel participaient, entre autres, le luthiste irakien Naseer Shamma et le Palestinien Rohi al-Khammash.
Totalement autodidacte — il commence ses gammes à 13 ans —, Saïd Chraïbi a exploré toutes les cultures musicales, orientales comme occidentales, pour toujours mieux revenir à ses premières amours : la musique arabo-andalouse.
De cette tradition, il dira dans une interview qu’elle “enfouit des subtilités et des secrets”. “Elle comprend des makamate (gammes) aux mélodies que l’on pourrait retrouver aussi bien dans la musique persane que dans la aïta”, précisait-il.
Une variété que l’on retrouve dans son propre répertoire : jazz, symphonique, oriental, maroco-andalou, gnaoui, ahwach, oud solo et taqassims… Le virtuose n’a eu de cesse de repousser les frontières du genre, allant même jusqu’à fusionner avec d’autres disciplines.
De Rabat aux confins du monde arabe
Synesthète, il appréciait collaborer avec des écrivains, des poètes ou des artistes visuels. Ses notes épousaient alors, dans un jeu de correspondances, les couleurs de l’artiste Meriem Mezian ou les mots du poète Mohammed Bennis, pour n’en citer que deux.
Saïd Chraïbi a également composé pour d’autres artistes (Amina Alaoui, Mahmoud El Idrissi, Samira Saïd, Abdelhadi Belkhayat, Naïma Samih, Karima Skalli, Fadwa El Malki…) et sa musique a accompagné le succès de nombreux films, dont Oud l’ward ou la beauté éparpillée de Lahcen Zinoun et Yacout de Jamal Belmejdoub. Ses mélodies ont aussi été au générique de plusieurs émissions culturelles.
Maître incontesté du oud, le musicien a même poussé son expertise jusqu’à apporter des innovations techniques à la lutherie. Le fait de modifier ses propres instruments a certainement participé à cette musicalité si particulière, saluée par les plus grands. Le prix “Ziryab des virtuoses”, parrainé par l’Unesco, le consacrait ainsi en 2002, le prix du mérite de l’Opéra du Caire en 1994…
Et cette semaine, c’était au tour de la ville de Fès de baptiser une de ses rues du nom de celui dont les notes résonnent toujours, ici et dans le monde arabe.
«Coffret Saïd Chraïbi»
1500 DH
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Saïd Chraïbi, Le Plectre d’or, éditions Marsam
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