Vous avez souligné que les travaux de l’IER ont contribué à l’engouement des Marocains pour leur histoire contemporaine… Comment ?
Avant l’IER, des livres relevant de la littérature carcérale et des films ont traité de ce qu’il est convenu d’appeler les années de plomb. Des hommes politiques ont publié leurs mémoires tandis que de nombreux articles de presse ont traité des violations des droits de l’homme. En acceptant que ces écrits soient publiés et que ces films soient projetés, l’État a montré qu’il acceptait que l’on parle de cette période. Cela a accéléré et légitimé une demande d’histoire et donné la possibilité à des gens qui avaient peur de parler et de raconter. L’IER a stimulé cette aspiration à repousser les limites de ce qu’on appelait les lignes rouges. C’est ce qu’a fait aussi la presse, qui pouvait désormais aborder des sujets interdits jusque-là. Cela…