Lentilles, gasoil, charbon... Le Conseil de la concurrence enquête sur la flambée des prix

Dans une note de référence publiée le 14 avril, le Conseil de la concurrence a annoncé une autosaisine en vue de la production d'un avis sur la flambée des prix des intrants et matières premières. L'objectif de l'instance constitutionnelle est de savoir si des dysfonctionnements du marché ont contribué à cette situation.

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Le président du Conseil de la concurrence, Ahmed Rahhou. Crédit: MAP

Et si le consommateur marocain était victime d’une double peine, l’augmentation des prix à l’international et des pratiques anticoncurrentielles au niveau local ? A travers une autosaisine, le Conseil de la concurrence vient de lancer une enquête sur « la flambée des prix des intrants et matières premières au niveau mondial et ses conséquences sur le fonctionnement concurrentiel des marchés nationaux. »

Dans une note de référence publiée le 14 avril, l’instance dirigée par Ahmed Rahhou veut répondre à la question suivante: « Est-ce que les niveaux de ces hausses constatées sur le marché local sont tributaires uniquement des facteurs exogènes relatifs à la flambée des matières premières importées ou seraient liées à des éléments illicites relatifs à des pratiques interdites par la loi 104-12, en l’occurrence des ententes ou des abus de position dominante ? ».

La crise, une aubaine

Il est probable que les deux causes, exogènes et endogènes, se superposent. Comme l’explique le conseil, « les périodes de crises, comme celle que nous traversons actuellement, sont des périodes où peuvent apparaître des pratiques anticoncurrentielles dans les marchés de produits de base, certains opérateurs pouvant être tentés de maximiser leurs gains en accroissant leurs niveaux de marge.»

Selon l’instance constitutionnelle, l’objectif de l’enquête est « d’apporter les éléments de réponse et de compréhension aux raisons profondes des récentes fluctuations des prix de vente au niveau national, d’évaluer leurs impacts sur les marchés nationaux et de recommander éventuellement les mesures à même de rétablir le fonctionnement concurrentiel desdits marchés. »

Dossier des hydrocarbures bis ?

L’avis concernera trois catégories de produits, alimentaires, énergétiques et les matériaux de construction. D’après l’avis, le choix a porté sur ces catégories parce qu’elles obéissent à trois critères : le premier porte sur la nature des produits (produit de première nécessité ou pas), le deuxième concerne son degré de dépendance par rapport aux marchés internationaux (produit fabriqué localement ou importé) et le troisième a trait aux niveaux de hausses de leurs prix de vente enregistrées sur le marché local (très fortes augmentations).

Pour la catégorie alimentaire, les produits concernés sont les farines de blé tendre, les engrais azotés, le beurre, les lentilles et le lait en poudre. Pour les produits énergétiques, il s’agira du gasoil, de l’essence, du fuel-oil et du charbon. Alors que pour les matériaux de construction, les produits soumis à l’enquête sont l’acier ou rond à béton, le verre, l’aluminium et le cuivre.

La situation du marché des produits énergétiques peut poser question. Le dossier sur l’entente illicite sur les hydrocarbures est toujours conditionné à la révision du cadre juridique du Conseil. Le projet de loi n° 40.21 modifiant et complétant la loi n° 104.12 relative à la liberté des prix et de la concurrence a été adopté le 24 mars dernier en Conseil de gouvernement.

Quant au fuel-oil et charbon, il s’agit de deux intrants majeurs de la production électrique marocaine. La flambée des prix de ces deux matières a occasionné des pertes monstres pour l’ONEE de l’ordre de 24 milliards de dirhams en 2022.