Le ton, très cinématographique, est donné dès les premières minutes. La caméra filme lstanbul en détails, la ville est magnifiée. Tout de suite après, au milieu de la foule, on aperçoit une jeune femme élégante. Elle a l’air pressée et désemparée.
Elle évoque le personnage de Carrie Bradshaw dans le générique de la série américaine Sex and the City. Esra est journaliste et cherche à offrir plus de fantaisie à ses lecteurs à travers ses articles. Elle souhaite parler de littérature, d’art, d’histoire. Sauf que sa directrice de publication lui a demandé d’écrire un article sur un hôtel mythique de la ville, le Pera Palace. La déception se lit dans ses yeux.
Esra accède au hall de l’hôtel. Elle y fait la connaissance d’Ahmet, qui lui fait visiter l’établissement et lui raconte sa riche histoire. Lors de son entretien, elle découvre ainsi que Mustapha Kemal Atatürk et Agatha Christie y ont séjourné. La jeune femme est fascinée, surtout quand elle accède à la chambre 411 qui a abrité la célèbre écrivaine anglaise. La visite nostalgique prend ensuite une tournure inattendue quand, à la nuit tombée, Esra est soudainement renvoyée dans le passé. Plus exactement en 1919, année charnière dans l’histoire de la Turquie. Découvrant une machination politique, la journaliste va tout faire pour ne pas changer le cours de l’histoire de son pays.
Entre histoire et fiction
Les créateurs de la série, qui se sont inspirés initialement du roman éponyme de l’écrivain américain Charles King, mêlent avec brio vérités historiques et éléments romanesques inventés de toutes pièces. Sans oublier de jouer avec les codes des récits sur les voyages dans le temps. Malgré cette approche fantastique, la série montre comment Mustapha Kemal a pu faire basculer l’Empire ottoman sur le déclin vers une Turquie moderne et progressiste. Complots, amours clandestines, calculs politiques… s’enchaînent intelligemment. Tout en suivant l’histoire personnelle d’Esra, on assiste à l’édification d’une nouvelle civilisation et on découvre les figures historiques qui y ont contribué. Un scénario maîtrisé, donc, servi par les interprétations des acteurs, mais aussi et surtout par une direction artistique simplement bluffante. C’est peu de dire que l’éclairage, les décors et les costumes réussissent à nous transporter en 1919 : la série offre une sorte d’immersion olfactive. On arrive presque à sentir les odeurs qui émanent des rues d’Istanbul, des champs, des demeures. Un vrai voyage dans le temps.