L’ONU réclame d’urgence 1,7 milliard de dollars pour l’aide humanitaire à l’Ukraine

L’ONU et ses organisations partenaires ont lancé mardi un appel d’urgence pour lever 1,7 milliard de dollars afin d’apporter l’aide humanitaire dont l’Ukraine, envahie par la Russie, va avoir besoin, de même que les 677.000 réfugiés qui ont déjà fui le pays.

Par

Des ressortissants ukrainiens fuyant le pays. Crédit: Daniel Leal / AFP

Nous assistons à ce qui pourrait devenir la plus grave crise de réfugiés en Europe de ce siècle”, a lancé Filippo Grandi, le Haut Commissaire de l’ONU chargé des réfugiés. Sur ce montant, 1,1 milliard de dollars doivent permettre d’aider six millions de personnes dans le pays pour une première période de trois mois, précise un communiqué de l’organisation.

L’ONU estime que 12 millions de personnes auront besoin d’aide en Ukraine, ainsi que plus de 4 millions de réfugiés qui pourraient fuir les combats.

Hébergement et soutien psychologique

En moins d’une semaine, depuis le début de l’invasion, plus de 677.000 personnes ont fui l’Ukraine, essentiellement vers les pays limitrophes, dont plus de la moitié en Pologne, a rapporté Grandi lors d’un bref point de presse à Genève. Il a ainsi souligné qu’un certain nombre de ces réfugiés sont déjà allés ailleurs en Europe ou plus loin pour rejoindre de la famille ou des amis.

Pour aider les pays d’accueil à encaisser le choc, l’ONU a besoin de 550,6 millions de dollars, afin de subvenir aux premières nécessités des personnes qui ont trouvé refuge en Pologne, en Moldavie, en Hongrie, en Roumanie et en Slovaquie. Ce montant doit permettre d’assurer l’hébergement, de distribuer de l’argent et d’apporter un soutien psychologique.

à lire aussi

Filippo Grandi a estimé que ceux qui avaient déjà pu fuir étaient sans doute ceux qui avaient une voiture, des moyens et sans doute des connexions, mais “ce qui nous inquiète vraiment le plus” est le flot de réfugiés “plus vulnérables” qui pourrait se déverser si la campagne de l’armée russe contre les villes ukrainiennes se poursuit.

“Le HCR exhorte les gouvernements à continuer à maintenir l’accès au territoire à tous ceux qui fuient : les Ukrainiens et les ressortissants de pays tiers vivant en Ukraine”

Shabia Mantoo, porte-parole du HCR

Tous les pays voisins ont jusqu’à présent gardé leurs frontières ouvertes aux réfugiés fuyant l’Ukraine — dont un “nombre non négligeable” est allé en Russie, a souligné Shabia Mantoo, porte-parole du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR), mardi matin.

“Le HCR exhorte les gouvernements à continuer à maintenir l’accès au territoire à tous ceux qui fuient : les Ukrainiens et les ressortissants de pays tiers vivant en Ukraine”, a-t-elle déclaré. Lors d’une conférence de presse à Stockholm, la représentante du HCR en Ukraine, Karolina Lindholm Billing, a par ailleurs évalué à un million le nombre de déplacés internes. “Nous estimons qu’il doit y avoir environ un million de personnes qui ont fui à l’intérieur du pays ou qui sont actuellement dans un train, un bus ou une voiture essayant de se mettre à l’abri”, a-t-elle expliqué.

Files d’attente aux frontières

À la frontière polonaise, le personnel du HCR a signalé que les personnes ayant réussi à passer avaient attendu jusqu’à 60 heures dans des températures glaciales, selon Mme Mantoo.

Les files d’attente pour entrer en Roumanie, où des bénévoles s’improvisent interprètes, peuvent durer jusqu’à 20 heures, a-t-elle ajouté, et il faut 24 heures pour parcourir les 60 kilomètres entre la ville ukrainienne d’Odessa et la frontière avec la Moldavie.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), environ 470.000 ressortissants de pays tiers vivent en Ukraine, dont un grand nombre d’étudiants étrangers et de travailleurs migrants. “Si l’arrivée de 6000 d’entre eux a été confirmée rien qu’en Moldavie et en Slovaquie, beaucoup restent bloqués dans un contexte de dégradation de la situation sécuritaire”, a déclaré la porte-parole de l’OIM, Safa Msehli, aux journalistes à Genève, appelant elle aussi à maintenir les frontières ouvertes aux réfugiés.