Le président iranien Ebrahim Raïssi, élu en juin 2021, a rencontré l’émir du Qatar cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, à la veille d’un sommet du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) qui réunit 11 pays dont le Qatar, l’Iran, l’Algérie et la Russie.
Le Qatar, qui a des intérêts convergents avec l’Iran dans le secteur du gaz et est un proche allié des États-Unis, a également soutenu les pourparlers en cours à Vienne pour sauver l’accord international sur le programme nucléaire de Téhéran.
Des négociations sur le nucléaire iranien ont repris fin novembre à Vienne après une longue pause, avec pour objectif de faire revenir les États-Unis dans le giron de l’accord de 2015 censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique, intention qu’a toujours niée la République islamique.
“Les États-Unis doivent démontrer leur volonté de lever les principales sanctions”
“Les États-Unis doivent démontrer leur volonté de lever les principales sanctions. Pour parvenir à un accord, il est nécessaire d’assurer les intérêts du peuple iranien, en particulier la levée des sanctions, une garantie valable et la clôture des dossiers de caractère politique”, a déclaré le président iranien à Doha.
Pour sa part, à Téhéran, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a fait état de “progrès significatifs” dans les pourparlers, mais a prévenu que “les problèmes restants (étaient) les plus difficiles, les plus importants et les plus sérieux”.
“Nous attendons toujours les décisions que l’Europe et les États-Unis doivent prendre, et nous n’avons pas encore vu cette volonté chez eux”, a-t-il poursuivi.
Médiation qatarie
Dans ce dossier sensible, le Qatar joue un rôle de médiateur en coulisses. Le ministre qatari des Affaires étrangères, Cheikh Mohammad ben Abdelrahmane Al-Thani, s’est ainsi rendu à Téhéran en février pour une visite surprise après une rencontre entre l’émir et le président Joe Biden à Washington.
Selon le gouvernement qatari, les deux hommes vont évoquer à Doha des sujets “d’intérêts communs”, sans autre détail. Des diplomates ont indiqué que les discussions sur le nucléaire seraient à leur agenda.
Les deux dirigeants ont signé lundi des accords et des protocoles d’accords économiques, selon les médias iraniens. Avant son départ, M. Raissi a souligné, auprès des médias iraniens, l’importance de ce déplacement pour “l’activation d’une diplomatie de voisinage”.
“Nous avons convenu d’intensifier sérieusement notre coopération dans les domaines de l’économie, de l’énergie, des infrastructures, du commerce, de l’investissement, de la sécurité alimentaire, de la santé et de la culture”, a-t-il commenté à l’issue de sa rencontre avec l’émir, ajoutant que “ce voyage ouvrira un nouveau chapitre dans les relations Iran-Qatar”.
La question du gaz au sommet
Mardi, le sommet réunira, outre l’émir du Qatar et le président iranien, le président algérien Abdelmadjid Tebboune, arrivé lundi à Doha, et Keith Royley, le Premier ministre de Trinité-et-Tobago, ainsi que des ministres des Affaires étrangères ou de l’Énergie des États membres du forum.
Les 11 pays membres du FPEG — Qatar, Russie, Iran, Algérie, Bolivie, Égypte, Guinée équatoriale, Libye, Nigeria, Trinité-et-Tobago et Venezuela — et ses sept pays associés représentent 70 % des réserves prouvées de gaz et 51 % des exportations mondiales de gaz naturel liquéfié.
La rencontre entre les onze membres du FPEG intervient dans un contexte de tension extrême entre les Occidentaux et la Russie, suscitant des craintes de rupture d’approvisionnement en gaz et provoquant une envolée des prix.
Le Qatar et d’autres pays producteurs ont insisté sur la nécessité de pouvoir miser sur des contrats à long terme pour procéder aux investissements massifs exigés pour garantir la fourniture de gaz à l’Europe.
Les États-Unis ont appelé le Qatar à apporter son aide à l’Europe en cas de problèmes d’approvisionnement par la Russie en raison de la crise avec l’Ukraine.