Rare visite en Israël du président palestinien Mahmoud Abbas

Les autorités israéliennes ont annoncé mercredi une série de “mesures de confiance” avec l’Autorité palestinienne dans la foulée de la première visite officielle en Israël depuis des années du président palestinien Mahmoud Abbas pour y rencontrer le ministre de la Défense Benny Gantz.

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Le président palestinien Mahmoud Abbas le 25 mai 2021 au siège de l'Autorité palestinienne à Ramallah, en Cisjordanie. Crédit: Alex Brandon / POOL / AFP

Mardi soir, une délégation de hauts responsables palestiniens menée par le président Mahmoud Abbas, 86 ans, a discuté de questions de sécurité et d’économie à la résidence de M. Gantz, située à Rosh Haayin, dans le centre d’Israël, ont indiqué à l’AFP des sources israéliennes.

Une première depuis 2010

Dans la foulée de l’arrivée au pouvoir en juin du gouvernement de coalition mené par Naftali Bennett, des ministres israéliens, incluant Benny Gantz, ont rendu visite à Mahmoud Abbas à Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne, en Cisjordanie occupée. Mais il s’agit de la première fois depuis 2010 que M. Abbas se rend en Israël pour une rencontre officielle avec un membre du gouvernement israélien.

“Nous avons discuté de la mise en œuvre de mesures économiques et civiles, et de l’importance de renforcer notre coordination sécuritaire”, a écrit dans la nuit sur Twitter M. Gantz, sans toutefois préciser le lieu de cette rencontre.

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Mercredi matin, son ministère a indiqué avoir approuvé des “mesures de confiance” comme un versement anticipé à l’Autorité palestinienne de 100 millions de shekels (28,5 millions d’euros) en taxes perçues en son nom par Israël, l’octroi de 600 permis supplémentaires permettant à des hommes d’affaires palestiniens de traverser côté israélien, et la régularisation de 6000 Palestiniens supplémentaires vivant dans un secteur de Cisjordanie sous contrôle israélien.

Régularisations controversées

Pour la première fois depuis 2009, Israël avait déjà annoncé, en octobre, la régularisation du statut de 4000 Palestiniens vivant en “zone C”, vaste secteur de Cisjordanie sous contrôle militaire et civil israélien et où se concentrent les colonies israéliennes.

Cette mesure, qui empêche l’éviction de ces familles palestiniennes et est présentée par Israël comme étant “humanitaire”, avait été critiquée par des organisations palestiniennes estimant que la “Zone C” revient de droit aux Palestiniens et que ceux-ci n’ont donc pas à demander à l’État hébreu pour y vivre.

Côté palestinien, le ministre des Affaires civiles, Hussein al-Sheikh, s’est félicité de la rencontre Abbas/Gantz consacrée aux questions économiques, aux “tensions” liées aux activités des colons israéliens en Cisjordanie et à “l’importance de créer un horizon politique” pour parvenir à une “solution” du conflit israélo-palestinien.

Le Hamas condamne la rencontre

Mais le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, territoire séparé de la Cisjordanie et sous blocus israélien, a condamné la rencontre estimant qu’elle s’écartait de “l’esprit national du peuple palestinien” et donc de la réconciliation du leadership palestinien divisé entre la Cisjordanie et Gaza.

“Ce comportement de la direction de l’Autorité palestinienne aggrave la division politique palestinienne, complique la situation palestinienne, encourage certains dans la région qui veulent normaliser avec l’occupant et affaiblit la position palestinienne qui rejette la normalisation” avec Israël, a déclaré le porte-parole du Hamas Hazem Qassem dans un communiqué.

En Israël, le parti Likoud (droite) du chef de l’opposition Benjamin Netanyahu, Premier ministre de 2009 à juin dernier et critique virulent du président palestinien, a aussi condamné la rencontre qui a débouché selon lui sur “des concessions dangereuses pour la sécurité d’Israël”.

Les États-Unis entrent en jeu

La rencontre Abbas-Gantz intervient moins d’une semaine après la visite en Israël et en Cisjordanie du conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan qui avait discuté avec Mahmoud Abbas de “la reprise d’un niveau significatif d’aide économique et au développement” de la part des États-Unis.

L’actuel gouvernement israélien dit vouloir discuter des moyens “d’améliorer” le niveau de vie des Palestiniens, sans toutefois chercher à se lancer dans de nouvelles négociations de paix, au point mort depuis 2014.

À Washington, l’administration du président Joe Biden, dont le pays est le premier allié d’Israël, s’est engagée à relancer ses relations avec les Palestiniens, rompues sous Donald Trump, sans toutefois se lancer dans des nouveaux pourparlers israélo-palestiniens.