La tbourida inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco

La proposition d’inscription soumise par le Maroc “satisfait” aux cinq critères requis par le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.

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Une tbourida durant le Salon du cheval d'El Jadida, en 2019. Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, réuni ce mercredi 15 décembre dans le cadre de sa 16e session, a répondu favorablement à la candidature du Royaume du Maroc pour l’inscription de la tbourida sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

La délégation permanente du Royaume du Maroc auprès de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), représentée par l’ambassadeur Samir Addahre, se félicite de cette inscription qui constitue “une reconnaissance internationale d’un héritage civilisationnel arabo-amazigh unique au monde et auquel les Marocains sont très attachés”.

Critères de choix

Pour la présidente de l’Organe d’évaluation des candidatures, la proposition d’inscription soumise par le Maroc “satisfait” aux cinq critères requis par le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, relevant que la tbourida a une “importance pour l’identité culturelle et la mémoire collective du Maroc et de ses communautés, et contribue au développement durable par le biais de l’élevage des chevaux et la fabrication de vêtements et de selles à partir de matériaux locaux”.

Un pur-sang arabe à la 12e édition du Salon du Cheval d’El Jadida en 2019.

L’organe d’évaluation félicite le Maroc d’avoir pris des mesures veillant aux soins des chevaux et au renouvellement à terme de leurs populations”, a-t-elle ajouté, faisant observer que le processus de candidature a impliqué la participation des communautés concernées et a été initié par différentes troupes et associations.

Tenant compte de ces éléments, l’organe d’évaluation a recommandé d’inscrire la tbourida sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco.

Le Maroc “extrêmement reconnaissant”

À cette occasion, l’ambassadeur délégué permanent du royaume auprès de l’Unesco a exprimé ses remerciements à l’organe d’évaluation, aux membres du comité ainsi qu’au secrétariat de la convention de 2003 pour leur travail remarquable, affirmant que le Maroc et sa délégation à l’Unesco sont “extrêmement reconnaissants” pour cette inscription sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

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La tbourida est une pratique qui établit une relation forte entre l’homme et le cheval, avec un répertoire de musiques et de chansons traditionnelles qui célèbrent cet art traditionnel et ses cavaliers, a relevé le diplomate marocain, ajoutant qu’afin de protéger son patrimoine immatériel, “le Maroc a inscrit dans sa propre Constitution le respect et la sauvegarde de sa diversité culturelle, notamment amazighe, hassanie, africaine et juive, grâce à l’engagement louable de SM le roi Mohammed VI”.

Une invitation à l’acceptation de la diversité et de la créativité des régions et des coutumes arabo-amazighes. Son inscription aujourd’hui dans la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco est une reconnaissance du savoir-faire des détenteurs de cette tradition dans leurs différents rôles. Elle contribuera à sauvegarder, perpétuer et amplifier considérablement le mouvement de créativité et de respect de la diversité culturelle.

Aux origines de la tbourida

La tbourida, également appelée fantasia, est un élément constitutif du patrimoine culturel immatériel du royaume, aussi bien sous les angles des traditions et expressions orales, des arts du spectacle, des pratiques sociales, des rituels et événements festifs, des connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers, que des savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel. Elle fait partie intégrante de l’identité culturelle et de la mémoire collective du Maroc, de ses régions et de ses communautés.

Cette inscription est la reconnaissance des fonctions sociales et des significations culturelles de cet art équestre traditionnel ancestral, transmis de génération en génération. Depuis son apparition évaluée par les historiens au XVe siècle, la tbourida contribue fortement au sentiment d’identité et de continuité des Marocains. Sa transmission est un réel enjeu pour la sauvegarde du patrimoine culturel et historique arabo-amazigh.

Jusqu’à la fin des années 1990, cette tradition et sa pratique étaient en perdition, notamment du fait de l’exode rural. Mais, sous l’impulsion du roi Mohammed VI, un renouveau de la tbourida a été amorcé avec l’élaboration d’un plan étatique ambitieux de sauvegarde, porté notamment par la Fédération royale marocaine des sports équestres et la société royale d’encouragement du cheval (SOREC). Elles sont soutenues par plusieurs associations et des particuliers engagés dans des troupes, qui font de cette pratique au caractère spectaculaire et noble, un loisir, voire une réelle passion.

 

(avec MAP)