Les géants de l’armement épargnés par la crise économique du Covid

Les géants mondiaux de l’armement ont été largement épargnés l’an passé par les effets de la crise économique provoquée par le Covid, avec un nouveau record de ventes, en hausse pour la sixième année consécutive.

Par

DR

Le chiffre d’affaires des cent plus grands groupes du secteur de la défense a atteint en 2020 un nouveau sommet de 531 milliards de dollars (470 milliards d’euros), dont plus de la moitié par les entreprises américaines, selon un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) publié ce lundi 6 décembre.

Cela représente une hausse de 1,3 % sur un an de leurs ventes d’armement et de services militaires alors que dans le même temps l’économie mondiale a chuté de plus de 3 %, souligne l’organisme de recherche basé en Suède, dont les travaux font référence en la matière.

à lire aussi

Le chiffre d’affaires des cent plus grands groupes d’armement est en hausse continue depuis 2015, avec une progression totale de 17 %, selon le Sipri. La croissance a toutefois été plus faible en 2020 qu’en 2019, où le top 100 avait vu ses ventes bondir de 6,7 %.

À l’exception des entreprises russes (-6,5 % de ventes) et françaises (-7,7 %), les autres principales nations ont vu leurs grandes entreprises progresser l’an dernier.

Cinq géants américains monopolisent cette fois encore le haut du classement mondial : Lockheed-Martin (avions de combat F-35, missiles…) a consolidé sa première place avec des ventes d’armes de 58,2 milliard de dollars, devant Raytheon Technologies nouveau numéro deux après une grande fusion, puis Boeing, Northrop Grumman et General Dynamics.

Le britannique BAE Systems est le premier européen (6e) avec Airbus (11e). Les Chinois Norinco (7e) Avic (8e) et CETC (9e) et l’Américain L3Harris (10e) complètent le top 10.

Selon l’institut, la bonne résistance des grandes entreprises à la conjoncture difficile en 2020 s’explique notamment par les politiques de soutien budgétaire prises face à la pandémie et les effets des confinements. Le secteur “a été largement protégé par le maintien de la demande des gouvernements pour du matériel militaire”, souligne le Sipri.

Le marché de l’armement, caractérisé par des commandes étalées sur plusieurs années est aussi moins sensible aux aléas conjoncturels. Mais l’industrie de la défense n’a pas été totalement immune au Covid, notamment sur l’aspect industriel. “Dans de nombreux cas, les mesures prises pour freiner le virus ont perturbé les chaînes d’approvisionnement et retardé les livraisons”, note le Sipri.

Le rapport cite ainsi le cas de Thales, première entreprise française — hors Airbus — du classement (14e), qui a attribué au confinement la baisse de 6 % de son chiffre d’affaires 2020.

Les problèmes logistiques d’approvisionnement s’étant multipliés en 2021, “il est possible que ces difficultés se reflètent dans leurs ventes” cette année, comme le prévoit par exemple Lockheed Martin, souligne à l’AFP Lucie Béraud-Sudreau, responsable du suivi des dépenses militaires au Sipri.

Derrière les 41 entreprises américaines du Top 100 et leur part de 54 %, 26 sociétés européennes ont accaparé 21 % des ventes totales. Suivent la Chine (13 % du total, avec cinq entreprises) et la Russie (5 %, neuf entreprises).

En comptant séparément les pays européens, la Chine est le deuxième pays et le Royaume-Uni troisième (sept entreprises, 7,1 %), devant la Russie (neuf sociétés, 5 %) et la France (six entreprises, 4,7 %).

“La progression de la Chine comme un producteur majeur d’armement a été tirée par sa volonté de devenir plus auto-dépendante dans sa production et du fait de programmes ambitieux de modernisation” de ses armées, souligne le Sipri.

Une quinzaine d’autres pays abritent des entreprises figurant dans le Top 100 mondial : le Japon (5), l’Allemagne et la Corée du Sud (4), Israël et l’Inde (3), l’Italie (2) ainsi que le Canada, Singapour, la Turquie, la Suède, la Pologne, l’Espagne, l’Ukraine et les Émirats arabes unis (1).

De nombreux groupes ayant aussi des activités civiles, comme Boeing ou Airbus, seules leurs ventes militaires sont comptabilisées par le Sipri.