Selon ses initiateurs, cette exposition, qui se tient du 24 novembre au 21 février 2022, regroupe plus de 130 photos prises entre 1926 et 1978, livrant une « vision intime et des moments iconiques en navigant entre la réalité et des instants pris à la sauvette ».
L’exposition se présente comme un cheminement historique sur les moments forts de l’Afrique des années 1920 à la libération de Paris, en passant par la victoire des communistes chinois et le fameux portrait de Ghandi, quelques heures avant son assassinat, ou encore la Russie après la mort de Staline.
« En ce jour, le MMVI ouvre une exposition de l’un des plus grands photographes, celui d’un homme qui a sculpté le regard de l’appareil photographique à travers des images prises instantanément, les convertissant en œuvres d’art », a déclaré à la presse le président de la Fondation nationale des musées (FNM), Mehdi Qotbi. Henri Cartier-Bresson est un des précurseurs de la mise en valeur de l’image photographique, dont il a su tirer le portrait à sa façon, tels des instants volés, a-t-il dit.
Boule de nerfs
Même son de cloche du côté de la directrice artistique de la Fondation Henri Cartier-Bresson et commissaire de l’exposition, Agnès Sire, pour qui les œuvres d’Henri Cartier-Bresson ont été installées dans un écrin qui répond à toutes les normes internationales des musées, en l’occurrence le MMVI. Elle a fait savoir que cette exposition-photo est réalisée en forme de tirages gélatino‐argentiques, une pratique qui n’existe presque plus à l’heure actuelle.
L’exposition d’Henri Cartier-Bresson a été conçue à la fin de sa carrière de photographe, alors qu’il avait envie de se tourner vers le dessin et la peinture, a-t-elle signalé, précisant que ce photo-reporter, comme il aimait à se définir, est parti en Afrique pendant un an, porté par une philosophie un peu anarchiste, sans trop savoir ce qu’il allait faire. « Il est revenu avec l’idée que finalement la photographie était bien », a-t-elle relevé.
« Ce réfractaire à tout ordre, connu pour être une boule de nerfs, fut un témoin privilégié de l’Histoire », a-t-elle enchaîné. De son côté, le directeur du MMVI, Abdelaziz El Idrissi, a rappelé le contexte de la réalisation de cette exposition, qui « corrobore et couronne toutes les activités organisées par la FNM sur le thème de la photographie« .
Escale à Asilah
Né en 1908 à Chanteloup-en-Brie (Seine-et-Marne), dans une famille de grands industriels du textile, Henri Cartier-Bresson est l’aîné de cinq frères et sœurs. En 1926, il suit des cours particuliers auprès du peintre Jean Cottenet et peint aussi régulièrement chez Jacques-Emile Blanche, un ami proche de l’écrivain Marcel Proust. A l’automne, il intègre l’académie du peintre André Lhote, qu’il quitte début 1928.
Assez mauvais élève, mais très grand lecteur, Cartier-Bresson a fréquenté les surréalistes et créé l’agence Magnum Photos (avec Robert Capa et David Seymour), pour ensuite devenir l’un des pionniers du photo-reportage. En 2000, il décide de créer avec son épouse et sa fille la Fondation Henri Cartier-Bresson. Il s’éteint en août 2004 en France.
Le photographe, qui avait fait l’objet d’une importante rétrospective au musée Georges Pompidou à Paris en 2014, s’était déjà rendu au Maroc en 1933, un séjour pendant lequel il avait notamment fait escale à Asilah.
(avec MAP)