TelQuel a été un coup de fraîcheur, un coup de pied dans la fourmilière, quand le magazine a été créé il y a vingt ans. C’est un média qui m’a fait découvrir un potentiel énorme de confrères dans la presse écrite, ça a été véritablement un découvreur de talents.
C’est vrai, au niveau de la direction éditoriale, plusieurs noms se sont succédé, et pour certains peut-être, c’était un signe d’instabilité ou de confrontations d’idées internes, mais moi je dirais que c’est un signe de bonne santé du débat démocratique à l’intérieur de la presse.
Il y a une anecdote qui me fait toujours sourire, c’est quand j’avais fait l’interrogatoire il y a quelques années : le journaliste me disait qu’on pouvait reprocher à 2M de toujours faire l’ouverture du journal sur le roi, et je lui ai répondu: “Je peux vous faire le même reproche, vous venez nous concurrencer sur notre terrain puisque vous faites votre couv’ toutes les semaines sur le roi, ça fait vendre apparemment”.
“L’État doit pouvoir encourager, aider à la préservation de ces médias, il y va de la crédibilité des pouvoirs publics eux-mêmes”
Aujourd’hui, on sait que la presse est en crise et cette situation est très inquiétante pour le débat démocratique. Quels que soient les débats qui secouent actuellement la presse, voire pour certains médias leurs confrontations aux pouvoirs publics, l’État doit pouvoir encourager, aider à la préservation de ces médias, il y va de la crédibilité de ces pouvoirs publics eux-mêmes.
Et dans un paysage médiatique où les valeurs journalistiques tendent à disparaître, TelQuel continue de se distinguer, de donner la preuve qu’on peut faire du journalisme professionnel dans ce pays malgré les moyens qui sont de plus en plus limités. Audace, professionnalisme, mais il y a aussi un sens politique au sein des équipes de TelQuel, un sens critique également, et c’est ce qui continue de distinguer cette publication des autres.