Dans l’article “Post-scriptum sur les sociétés de contrôle”, publié en 1990, le philosophe Gilles Deleuze affirmait que nous étions passés, après la Seconde Guerre mondiale, de sociétés disciplinaires aux sociétés de contrôle. Les premières produisaient “l’homme enfermé” et les secondes “l’homme endetté”. Selon Deleuze, cet état est plus “anxiogène” que l’enfermement, car “l’homme endetté” vit constamment dans une prison à ciel ouvert. C’est cette théorie que la série sud-coréenne Squid Game (Jeu du calmar) illustre magistralement. 456 personnes ont été réunies (avec leur consentement) afin de participer à des jeux qui ont marqué leur enfance. Celui qui remportera les épreuves se verra attribuer une somme de 45,6 milliards de wons (l’équivalent d’environ 38 millions d’euros). Le point commun de tous les participants ? Ils croulent tous sous les dettes et vivent une vie misérable au sein d’une société coréenne qui ne pardonne pas l’échec. Avec cet argent, ils pourraient jouir d’une vie de rêve. Le…