Après Mediapart et l’avocat français français Joseph Breham, c’est au tour du Canard enchaîné de porter l’affaire en justice. L’hebdomadaire satirique a fait part de son intention de “porter plainte contre X avec constitution de partie civile”, a fait part, à l’AFP, Michel Gaillard, président de la société d’édition du périodique. Ce dernier a également précisé que le dossier de cette plainte était en cours de constitution.
Depuis les révélations du dimanche 18 juillet par l’organisation Forbidden Stories et un consortium de dix-sept médias internationaux, le Maroc est l’un des pays à être accusé d’avoir ciblé les téléphones de personnes de la société civile, à des fins d’espionnage.
À l’instar de plusieurs autres médias français, le Canard enchaîné figure parmi les rédactions à abriter un ou plusieurs journalistes qui auraient fait l’objet d’une surveillance par le logiciel israélien Pegasus, développé par NSO Group.
“Stupéfaite et furieuse”
Au sein de l’hebdomadaire satirique, Dominique Simonnot, 68 ans, qui semble avoir été la cible d’une infection sur son téléphone. Ancienne journaliste au Canard enchaîné, elle est depuis contrôleuse générale des lieux de privation de liberté. “J’étais assez stupéfaite et furieuse. Je ne comprends pas”, a-t-elle expliqué, étonnée, ce dimanche 18 juillet dans le “23 heures” de la chaîne Franceinfo.
Comme certains autres journalistes mentionnées dans les révélations, Dominique Simonot n’a que peu travaillé sur le Maroc. Cette plume est davantage connue pour ses chroniques judiciaires qu’elle a tenues, d’abord pour le quotidien Libération avant de passer dans la rédaction du Canard, dès 2006. Elle a ainsi pu écrire sur des questions d’espionnage de salariés par leurs employeurs, mais aussi sur les dérives judiciaires au sein de rubriques “Police-Justice”.
Visée par le logiciel Pegasus avant qu’elle ne devienne Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, elle dit “ne pas voir pourquoi” elle aurait été ciblée. “C’est un véritable scandale d’écouter des journalistes. Ils ont eu accès à mes contacts, à toute notre vie privée, professionnelle”, a-t-elle réagi sur Franceinfo. Et d’annoncer, elle aussi, “charger [s]on avocat, Jérémie Assous, de déposer plainte”.
Pour elle, l’affaire Pegasus rappelle l’Affaire des micros – ou Watergaffe – de 1973 qui avaient vu des agents de la Direction de la surveillance du territoire français, déguisés en plombiers pour installer des micros dans les bureaux du Canard enchaîné. “Le Canard avait porté plainte, a-t-elle expliqué. Avant de conclure : La justice avait rendu un non-lieu alors qu’on savait parfaitement d’où cela venait”.