Dans la bibliothèque de Nabil Mouline

L’historien et politologue Nabil Mouline, auteur de ‘Islams politiques - Courants, doctrines et idéologies’ (CNRS Editions, 2017), nous présente quatre livres de sa bibliothèque.

Par

Nabil Mouline
Nabil Mouline. Crédit: DR

1. Rihlat Ibn Battouta (Les voyages d’Ibn Battouta), de Ibn Battouta

Rihlat Ibn Battouta (Les voyages d’Ibn Battouta), de Ibn Battouta
Rihlat Ibn Battouta (Les voyages d’Ibn Battouta), de Ibn Battouta, éd. Académie du Royaume du Maroc, Rabat, 1997.

“Ibn Battouta est sans doute la personnalité marocaine la plus universalisable.

A travers un périple de 120.000 kilomètres, le natif de Tanger s’est très rapidement imposé comme le témoin privilégié d’une mondialisation avant la lettre qui s’étend sur trois continents.

A son retour au bercail, le globetrotter met en récit ses 28 années de souvenirs.

En plus des informations géographiques inestimables qu’elle fournit, le lecteur moderne trouvera dans cette relation de voyage des renseignements précieux sur les institutions politiques, sociales et religieuses qui ont régi plusieurs régions du monde connu au XIVe siècle.

Par-delà leur richesse factuelle, les voyages d’Ibn Battouta nous enseignent un grand nombre de valeurs, notamment la détermination, la capacité d’adaptation et l’amour de la patrie !”

 

2. Dialogues politiques entre trois ivrognes, de Nakae Chômin

Dialogues politiques entre trois ivrognes, de Nakae Chômin,
Dialogues politiques entre trois ivrognes, de Nakae Chômin, éd. CNRS, Paris, 2008.

“Nakae Chômin est considéré comme l’un de ces penseurs qui permirent au Japon de mieux comprendre la pensée occidentale et de s’en inspirer.

Le “Rousseau” de l’Asie devient l’un des principaux théoriciens du Mouvement pour la liberté et les droits du peuple, notamment après la publication des Dialogues en 1887.

Ce livre met en scène l’affrontement entre les tenants de la voie démocratique et les défenseurs de l’autoritarisme “nationaliste”.

Trois personnages idéal-typiques incarnent cette polémique : un gentleman occidentalisé, un lettré traditionnel et un professeur.

Miroir des doutes, des aspirations et des contradictions de l’élite nippone, cet ouvrage est un véritable modèle de dialectique créatrice qui pourrait inspirer plus d’un, surtout dans un pays qui peine à trouver un modèle de société depuis des décennies !”

 

3. Fi al-shi‘r al-jahili (De la poésie antéislamique), de Taha Hussein

Fi al-shi‘r al-jahili (De la poésie antéislamique), de Taha Hussein
Fi al-shi‘r al-jahili (De la poésie antéislamique), de Taha Hussein, éd. Dar al-Jadid, Le Caire, 1926.

“Si les études scientifiques sur les processus et les dynamiques qui ont présidé à la naissance de l’islam ont connu un développement exponentiel durant les dernières décennies, peu ont suscité autant de débats que l’ouvrage de Taha Hussein, intitulé Fi al-shi‘r al-jahili.

Adoptant la méthode historico-critique, l’intellectuel égyptien démontre que la poésie préislamique a été presque entièrement inventée sous les Omeyyades et les premiers Abbassides pour des raisons politiques, religieuses et culturelles.

Voué aux gémonies par les conservateurs, cet ouvrage devient l’une des pierres angulaires de la pensée critique en littérature arabe qui appelle à séparer fermement recherche académique et croyance !”

 

4. Les deux corps du roi. Essai sur la théologie politique au Moyen Âge, de Ernst Kantorowicz

Les deux corps du roi. Essai sur la théologie politique au Moyen Âge, de Ernst Kantorowicz
Les deux corps du roi. Essai sur la théologie politique au Moyen Âge, de Ernst Kantorowicz, éd. Gallimard, Paris, 1989.

“Comprendre le processus complexe de la construction étatique ne passe pas uniquement par la connaissance de l’évolution des institutions qui le façonnent et le structurent, mais également par la maîtrise des enjeux idéologiques qui le sous-tendent et le nourrissent.

C’est à cette dernière tâche que s’est attelé l’historien allemand Ernst Kantorowicz en mobilisant le concept “des deux corps du roi”.

Grâce à une érudition hors pair et une méthodologie implacable, l’auteur reconstruit les fondements théologico-politiques de l’état séculier moderne à travers les transmutations symboliques et doctrinales de la figure royale en Europe entre le Xe et le XVIIe siècle, notamment à la faveur de sa rivalité mimétique avec les dépositaires de l’autorité religieuse.”