Maroc-Espagne : le ministère des Affaires étrangères dénonce “l’instrumentalisation” du Parlement européen

La résolution adoptée jeudi 10 juin par le Parlement européen sur le Maroc “ne change rien à la nature politique de la crise bilatérale entre le Maroc et l’Espagne”, a souligné, ce 11 juin, le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger.

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“La solution de facilité est de tout mettre sur le dos des pays de transit”, confie Nasser Bourita à propos de la migration clandestine. Crédit: Fabrice COFFRINI / AFP

Le ministère des Affaires n’a que peu goûté à la dernière résolution du Parlement européen. Dans un communiqué, le ministère dirigé par Nasser Bourita a affirmé, ce vendredi 11 juin, que “les tentatives d’européanisation de cette crise sont vaines et n’altèrent aucunement sa nature purement bilatérale, ses causes profondes et la responsabilité avérée de l’Espagne dans son déclenchement”.

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L’instrumentalisation du Parlement européen dans cette crise est contre-productive. Loin de contribuer à la solution, elle s’inscrit dans une logique de surenchère politique à courte vue”, a relevé le ministère, ajoutant que cette manœuvre, qui vise à “contourner le débat des raisons profondes de la crise, ne trompe personne”.

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Pour le ministère, la résolution est en “déphasage” avec le registre “exemplaire” du Maroc en matière de coopération migratoire avec l’Union européenne. “Ce sont ceux-là mêmes qui tentent de critiquer le Maroc dans ce domaine qui tirent en réalité profit des résultats concrets et quotidiens de la coopération sur le terrain”, a soutenu le ministère dans son communiqué.

Ce jeudi 10 juin, le Parlement européen, qui siège à Strasbourg, a adopté une résolution critique envers le Maroc suite à la vague migratoire qui s’est abattue sur Sebta, le 17 mai dernier. Le texte déplore “la participation d’enfants, de mineurs non accompagnés et de familles au franchissement massif de la frontière entre le Maroc et la ville espagnole de Ceuta”.

Aux yeux des Affaires étrangères, nul en Europe ne peut mettre en cause la qualité du partenariat entre l’Union européenne et le Maroc dans tous les domaines, y compris migratoire. Les chiffres sont là pour le confirmer (depuis 2017, la coopération migratoire a permis l’avortement de plus de 14.000 tentatives de migration irrégulière, le démantèlement de 5000 réseaux de trafics, le sauvetage de plus de 80.500 migrants en mer et l’empêchement d’innombrables tentatives d’assaut), a poursuivi le ministère.

Le Maroc n’a, du reste, pas besoin de caution dans sa gestion de la migration. La posture du professeur et de l’élève ne fonctionne plus. Le paternalisme est une impasse, dénonce le ministère. Et de poursuivre : Ce n’est pas la punition ou la récompense qui induit des comportements, mais la conviction d’une responsabilité partagée

“Stigmatisation”

Porté par l’eurodéputé espagnol Jordi Cañas Perez, affilié au parti Ciudadanos, le texte adopté au Parlement européen maintient également “la position consolidée de l’Union européenne sur le Sahara occidental, qui est fondée sur le plein respect du droit international conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et au processus politique menés par les Nations unies”.

La résolution du Parlement européen est “contraire à l’esprit du partenariat entre le Royaume du Maroc et l’Union européenne”, enchaîne le ministère, estimant qu’en tentant de “stigmatiser” le Maroc, c’est en réalité le principe même de partenariat qu’elle fragilise. “Elle démontre, à l’échelle du voisinage sud de l’UE, que même les constructions les plus anciennes et les plus abouties peuvent faire l’objet d’actions inopportunes et opportunistes au Parlement européen”, a-t-il dit.

“Autant le Maroc est satisfait de sa relation avec l’Union européenne, autant il considère que le problème demeure avec l’Espagne, tant que les raisons de son déclenchement n’ont pas été résolues”, a relevé le ministère, ajoutant que le Maroc n’a jamais jugé le partenariat avec l’UE à l’aune d’incidents conjoncturels, mais sur la base d’une “action fiable” qui s’inscrit sur le long terme.

D’ailleurs, la position des États membres de la Commission et du Service extérieur a été constructive quant au rôle clé du Maroc dans le partenariat euro-méditerranéen et à l’appréciation positive de la coopération dans le domaine migratoire, a conclu le ministère.

(avec MAP)