Un pas de plus pour la reconnaissance du rôle et de la place des Iguidar dans la société marocaine. Samedi 3 avril, la ville éponyme (Agadir étant le singulier d’Iguidar) accueillait une délégation du ministère de la Culture pour un atelier dédié au projet d’inscription de ces greniers collectifs au patrimoine mondial de l’UNESCO. Étaient également présents, entre autres, le wali de la région Souss-Massa, le représentant de l’UNESCO à Rabat, et différents experts de la préservation de ce patrimoine.
“Cet atelier confirme l’orientation stratégique du ministère de diversifier les inscriptions dans le cadre de la régionalisation et de la valorisation du patrimoine amazigh”, expliquait le ministre de la Culture le 6 avril sur ses réseaux sociaux.
Images vues samedi à Agadir lors de l’atelier national de lancement du projet d’inscription des Greniers collectifs…
Publiée par Othman El Ferdaous sur Mardi 6 avril 2021
Le Maroc compte pas moins de 554 “Iguidar” ou “Ighermane”, recensés par la Direction du patrimoine culturel, des constructions fortifiées dans lesquelles on emmagasinait les récoltes et les biens de valeur tels que l’argent, les bijoux, les armes, ou encore les actes adoulaires.
Si l’on retrouve ces forteresses dans différents pays, de l’Égypte aux îles Canaries, le Maroc est le seul pays où certains Iguidar sont encore actifs. Un patrimoine vivant au caractère sacré.
Un modèle social et architectural
Le plus souvent perchées sur des sommets, ces forteresses présentent une architecture souvent géométrique, ou épousant les contours des falaises ou montagnes sur lesquelles elles sont adossées.
Les greniers sont composés de cellules ouvrant sur une place ou un couloir à ciel ouvert. Chacune des cellules, dont la largeur ne dépasse généralement pas deux mètres, appartient à une famille, l’ensemble étant géré collectivement et entretenu aux frais de la communauté.
En plus de ce rôle économique, les Iguidar ont aussi eu un rôle sociopolitique indéniable, servant de lieu d’assemblée des notables (Inaflass) pour discuter de la gestion des affaires communautaires. Des jarres à dons y étaient destinées à la collecte en vue d’une redistribution communautaire, et en temps de conflit, habitants et bétail s’abritaient dans ces greniers convertis en refuge.
“Un témoignage fort du génie et de la créativité humaine face aux contraintes, notamment écologiques”
Le ministre de tutelle rappelle dans ce sens que les Iguidar ont permis de “bâtir des solidarités utiles en temps de crise (sécheresses, famines, épidémies, invasion de criquets, etc.)” et constituent ainsi “un témoignage fort du génie et de la créativité humaine face aux contraintes, notamment écologiques”.
Pour être inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, les sites doivent avoir une valeur universelle exceptionnelle et satisfaire à au moins un des dix critères de sélection.