Après que le décret d’application de la loi portant création du Fonds Mohammed VI pour l’investissement a été adopté lors de la dernière réunion du conseil du gouvernement le 4 février, la loi relative à la création du fonds devrait entrer en vigueur prochainement. “En application des Hautes directives royales et afin d’activer le Plan de relance économique, ce texte comprend des exigences organisationnelles pour l’application de ladite loi”, a indiqué Saaïd Amzazi, porte-parole de l’Exécutif, à la fin du conseil de gouvernement. “Il s’agit de fixer à 15 milliards de dirhams le capital initial du fonds et de définir ses statuts, qui comprennent la liste des premiers administrateurs du Conseil d’administration”, a-t-il précisé.
C’est dans ce cadre que l’Alliance des économistes istiqlaliens (AEI) a présenté dix propositions sur les choix stratégiques concernant le Fonds Mohammed VI pour l’investissement. Pour l’alliance, le fonds ne devrait pas se contenter d’être un outil au service de la relance économique dans le contexte pandémique. “Bien qu’il soit présenté dans le cadre de l’arsenal financier permettant de sortir de la crise actuelle, le Fonds Mohammed VI est un vecteur de développement structurel, sur le long terme. C’est un véhicule de mobilisation d’épargne intergénérationnelle, d’animation du marché financier, de diversification des activités et des territoires, et de création de la richesse nationale”, peut-on lire dans le communiqué publié par l’alliance.
Éviter les redondances
Le montant initialement prévu est de 45 milliards de dirhams, dont 15 milliards proviennent du budget de l’État. L’effet de levier devrait permettre de mobiliser les 30 milliards restants. Les économistes de l’Istiqlal proposent d’augmenter ce montant, face aux nécessités de la relance, mais aussi dans le but de faire du fonds un levier de développement à long terme.
“Ce montant risque de s’avérer rapidement en deçà des ambitions du pays”
“Ce montant risque de s’avérer rapidement en deçà des ambitions du pays, notamment dans le cadre de la mise en œuvre des plans de relance et du déploiement des grandes stratégies devant découler du nouveau modèle de développement”, expliquent ces derniers. Pour eux, la société anonyme incarnant le FM6 doit rapidement envisager la possibilité d’accroître substantiellement ses ressources pour porter les projets ambitieux qui en découleront.
Pour éviter toute redondance et développer des synergies, l’alliance insiste sur la nécessité de mettre en place des convergences avec les acteurs étatiques déjà actifs tels que le Fonds Hassan II ou les régions. D’où le besoin d’une régionalisation qui passe par la création de fonds régionaux avec la participation du Fonds Mohammed VI, des conseils régionaux et d’autres partenaires publics et privés. “Les fonds régionaux peuvent aussi participer au capital d’entreprises créatrices d’emplois au niveau de la région. Des appels à projets peuvent être organisés pour attirer les projets à plus fortes retombées économiques et sociales pour les régions concernées”, ajoute le communiqué.
Soutien aux startups et PME
Les propositions de l’AEI ne se limitent pas au territoire national. Pour accompagner les stratégies d’ouverture du Maroc sur les économies de l’Afrique subsaharienne et se positionner en tant qu’acteur actif de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), elle propose d’envisager “un compartiment dédié à l’appui aux investissements pour le développement du continent, en s’appuyant sur les ouvertures que permettrait Casa Finance City”.
Les économistes istiqlaliens soulignent la nécessité de consacrer à la PME et aux startups une part définie
Dans les propositions avancées, les startups ne sont pas en reste. Les économistes istiqlaliens soulignent la nécessité de consacrer à la PME et aux startups une part définie, dans le cadre de fonds thématiques dédiés, dont la mission consisterait à renforcer la structure financière de PME viables et de prévenir des pertes d’emplois. Ceci dans l’objectif de lancer “des startups innovantes, indispensables à la modernisation de notre économie et au renforcement de sa souveraineté technologique, sanitaire, alimentaire et énergétique”.
Pour les auteurs des recommandations, l’une des prérogatives du Fonds Mohammed VI serait d’épauler le privé dans les domaines de la recherche et du développement qui nécessitent des investissements importants dont seul un acteur étatique est capable.
L’AEI évoque également les éventuelles synergies entre le fonds et la future agence chargée de la gestion des participations publiques. “Il convient de doter le fonds des moyens et organisation lui permettant d’adopter une gestion active et flexible de ses participations et investissements, contribuant ainsi au décollage de ces entreprises, à leur stabilisation et à leur développement, puis à leur cession dès que l’opportunité économique se présente”, conclut le communiqué.