Selon les derniers chiffres publiés le 13 janvier par le Haut-Commissariat au plan (HCP) dans son budget économique prévisionnel 2021, la pandémie de Covid-19 a provoqué une hausse du chômage, liée aux mesures de confinement.
Cette crise aura aussi entraîné un choc sévère et inédit sur l’activité économique en 2020, accentuant l’effet de deux années successives de sécheresse et provoquant ainsi une récession économique, la plus dure depuis plus de vingt ans.
Contre-performance en 2020 : PIB à -7 %
Principaux secteurs touchés par la crise : le tourisme et ses activités annexes, les industries mécaniques, métallurgiques et électriques (IMME), les industries du textile et habillement, et celles du commerce et du transport. Selon le rapport, “leur valeur ajoutée se serait ainsi fortement contractée de 7 % en 2020, contre une hausse de 2,8 % en 2019. Cette contre-performance serait attribuable principalement à la baisse de la valeur ajoutée des IMME de 22,4 % en 2020, contre une hausse de 4,7 % une année auparavant”.
Certains secteurs sont demeurés résilients, notamment les activités de l’industrie extractive, agroalimentaire, chimique et parachimique, les services de santé et éducation, et les services d’administration. Les industries chimiques et parachimiques auraient par exemple enregistré une valeur ajoutée en accroissement de près de 7,6 % en 2020. Mais la tendance est généralement à la baisse en 2020, avec un PIB de -7 % contre 2,5 % en 2019.
Chômage et baisse du niveau de vie
Dans ce contexte de détérioration de la croissance économique, le marché du travail aurait connu, sur l’ensemble de l’année 2020, des pertes d’emploi atteignant 531.000 postes. “Ces pertes auraient porté le taux de chômage au niveau national à près de 12,8 %, soit une hausse de 3,6 points par rapport à son niveau enregistré en 2019”, souligne le rapport.
Le taux de chômage au niveau national a été porté à près de 12,8 %, soit une hausse de 3,6 points par rapport à 2019
La consommation nationale aurait donc connu un recul de 5,4 % au lieu d’une hausse moyenne annuelle de 3,9 % entre 2008 et 2019. Sa contribution à la croissance du PIB aurait été négative de -4,1 points. L’investissement brut aurait connu une baisse d’environ 9,8 %, présentant ainsi une contribution négative à la croissance économique de -3,2 points.
Globalement, la demande intérieure aurait diminué de 6,7 % en volume, au lieu d’une hausse de 1,7 % en 2019. “Dans ces conditions, le déficit budgétaire aurait connu un creusement en 2020 pour atteindre près de 7,4 % du PIB”, assure le rapport.
Des perspectives plus favorables en 2021
Suite aux avancements des campagnes de vaccination, favorisant ainsi l’ouverture des frontières internationales, l’année 2021 s’ouvrirait sur des perspectives plus favorables.
“L’économie nationale devrait profiter des effets du redressement de la croissance prévu chez les principaux partenaires commerciaux, particulièrement les pays européens. Ainsi, la demande des biens adressée au Maroc devrait se redresser de 9,6 % en 2021 après une chute de 13 % en 2020, favorisant ainsi un regain de confiance des ménages et des investisseurs”, montre le rapport.
Le PIB devrait enregistrer une croissance de l’ordre de 4,6 % en 2021 après une récession de 7 % en 2020
Par exemple, le secteur primaire devrait enregistrer une hausse de l’ordre de 11 % de sa valeur ajoutée en 2021 au lieu d’une baisse de 7,1 % en 2020, avec une réalisation supposée d’une production céréalière moyenne de 75 millions de quintaux durant la campagne 2020/2021.
Dans ces conditions économiques entourées d’incertitudes liées à la pandémie, le PIB devrait enregistrer une croissance de l’ordre de 4,6 % en 2021 après une récession de 7 % en 2020. Cette évolution fait ressortir une légère hausse de l’inflation, mesurée par l’indice implicite du PIB, de 1,1 % au lieu de -0,1 % en 2020.
Le marché du travail connaîtrait quant à lui une légère baisse du taux de chômage qui serait de 11,1 % au lieu de 12,8 % en 2020, indique le rapport.
Relance de la consommation et de l’investissement
La consommation des ménages devrait s’accroître de 3,9 % en volume, l’investissement quant à lui, reste tributaire d’une politique de relance budgétaire et d’une reprise de confiance et de plus de visibilité quant aux perspectives de l’avenir.
Dans ce cadre, le Fonds Mohammed VI pour l’investissement a été créé et devrait être doté de 45 milliards de dirhams, dont 15 milliards de dirhams provenant du budget général de l’État. “Ce fonds serait alloué aux secteurs prioritaires, tels que la restructuration industrielle, les activités à fort potentiel, les petites et moyennes entreprises, les infrastructures, et le tourisme. Le volume global des investissements publics devrait donc passer à 230 milliards de dirhams en 2021 au lieu de 182milliards de dirhams en 2020, enregistrant une hausse de 26 %”, affirme le rapport.
Globalement, la demande intérieure devrait enregistrer un accroissement de 5 % après son recul de 6,7 % en 2020, avec une contribution positive de 5,4 points à la croissance économique.
Dans ces conditions, la part de la dette du trésor devrait connaître une hausse de près de 0,6 point en pourcentage du PIB pour atteindre 78,3 % du PIB. Tenant compte de la dette extérieure garantie, le taux d’endettement public global devrait se situer à 95,6 %.