Vaccin anti-Covid : les médecins MRE s'expliquent

Une lettre du réseau Compétences médicales des Marocains du monde (C3M) adressée au ministre de la Santé soulève plusieurs interrogations quant à la dangerosité du vaccin anti-Covid-19 Sinopharm, et son efficacité réelle sur la souche marocaine du virus. C3M réclame un accès aux données relatives au vaccin.

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L’OMS espère distribuer dans le monde 145 millions de doses au cours du premier trimestre. Mais ces prévisions ne sont pas sans “certaines réserves très importantes”, a averti mardi Bruce Aylward, qui dirige le programme hébergeant Covax. Crédit: AFP

Le document a fait le tour des réseaux sociaux. Datée du 26 novembre, une lettre de l’organisation Compétences médicales des Marocains du Monde (C3M) à l’attention du ministre de la Santé pose un certain nombre de questions quant à l’efficacité et la dangerosité du vaccin chinois Sinopharm. Ce même vaccin que le Maroc va utiliser pour sa campagne de vaccination.

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Connu pour avoir lancé la plateforme d’assistance médicale et psychologique au profit des MRE “C3M MED-HELP COVID19” avec le soutien du ministère délégué chargé des Marocains résidant à l’étranger, le réseau réunit 375 médecins marocains exerçant à l’étranger afin d’assister le Maroc dans les domaines de la santé, de la recherche scientifique et de l’enseignement supérieur.

Manque de données sur le vaccin

Avant le prochain lancement de la campagne de vaccination, “notre attention a été retenue par une série d’interrogations scientifiques légitimes concernant ce vaccin, les démonstrations de son innocuité et efficacité, et son adéquation par rapport aux souches circulant au Maroc actuellement”, peut-on lire dans la lettre signée par le Dr Samir Kaddar, président du réseau et médecin anesthésiste au Digestive Disease Group à Bruxelles.

Les questions portent ainsi sur une éventuelle différence entre la souche vaccinale utilisée dans le vaccin Sinopharm et les souches circulant au Maroc. “Bien que le virus soit resté stable au niveau génétique, des mutations plus ou moins importantes ont été détectées, y compris dans la région codante pour la protéine de surface, S, cible principale des anticorps neutralisants”, écrit le Dr Samir Kaddar.

Sur la dangerosité probable du vaccin, la lettre de C3M est même alarmante. “L’histoire du développement des vaccins nous apprend que même pour des technologies considérées comme maîtrisées, on n’est jamais à l’abri de surprises. En effet, le Vaccin RSV (virus respiratoire syncytial) dans les années 1990 s’est transformé en catastrophe sanitaire aux États-Unis (deux enfants décédés à cause du vaccin) pour des raisons peu connues, mais le procédé d’inactivation ou d’absorption sur l’adjuvant à base d’aluminium a été suspecté”, prévient la lettre.

Le C3M recommande que Sinopharm communique sur les résultats de la phase III, et que les données relatives à la vaccination déjà entamée chez les militaires en Chine soient accessibles. Selon les médecins, le ministère de la Santé devrait aussi mettre en place un plan de pharmacovigilance pour détecter les effets secondaires à long terme du vaccin.

Ce n’était qu’une fuite

C’est un projet d’écrit non finalisé et non signé par mes soins qui a fuité malheureusement via WhatsApp, et depuis ça fait tache d’huile”, se défend Dr Samir Kaddar. Contacté par TelQuel, l’auteur de la lettre justifie : “Ce sont des questions générales posées par quelques membres du C3M à propos de tous les vaccins, c’est fait dans le sens de soutenir l’initiative de campagne de vaccination.

Sur la supposée dangerosité du vaccin évoquée dans la lettre, Dr Samir Kadour explique : “Ce sont des questions destinées au comité scientifique : pour le vaccin, on sait très bien qu’il n’y a pas de risque. C’est un vaccin à base de préparation classique de vaccins, le virus étant inactif.” Même chose pour la différence entre la souche vaccinale utilisée par le vaccin Sinopharm et les souches circulants au Maroc : “Après vérification des publications qui ont été faites, il y a une stabilité certaine.

Pour le médecin anesthésiste, il n’y a aucun doute sur le choix de vacciner massivement contre le Covid-19 : “Je vois devant moi des patients, parfois même des collègues et des amis, qui sont intubés ventilés sur le ventre. Y a-t-il pire que ça ? Devant cela, il faut vacciner, bien entendu.”

La question de se faire vacciner ou pas ne se pose pas maintenant, mais c’est plutôt le déroulement de vaccination afin de réussir cette campagne nationale et faire vacciner l’ensemble de la population, surtout dans les régions éloignées du pays !”, conclut-il.

Mise à jour (05/12/2020)

Après publication de notre article, C3M a diffusé le communiqué ci-dessous, dans lequel le réseau tient à clarifier ses positions par rapport au vaccin et à soutenir « l’attachement du Roi du Maroc aux droits à la santé de tous les marocains et aussi au droit à la vie face à une pandémie d’une extrême gravité. »