Deux écrivains marocains dans la short list du Prix de la littérature arabe

Les écrivains marocains Madi Belem et Youssef Fadel figurent cette année dans la sélection officielle de la huitième édition du Prix de la littérature arabe, décerné en France par l'Institut du monde arabe et la Fondation Lagardère.

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Madi Belem et Youssef Fadel figurent dans la short list du Prix de la littérature arabe 2020.

Cette année, deux auteurs marocains figurent dans la sélection officielle de la huitième édition du Prix de la littérature arabe. Au menu de la sélection de l’année 2020, sept romans d’auteurs syriens, libanais, palestiniens, marocains et soudanais, publiés entre le 1er septembre 2019 et le 31 août 2020. Parmi ceux-ci, les Marocains Madi Belem avec La langue maudite, publié aux éditions Plon, et N’appelle pas, il n’y a personne de Youssef Fadel, publié aux éditions Actes Sud et traduit de l’arabe par Philippe Vigreux.

Deux écrivains, deux générations

Ecrivain, dramaturge et réalisateur, Youssef Fadel, âgé de 71 ans, avait été emprisonné pour sa pièce La Guerre en 1974. Il est l’auteur de nombreuses pièces de théâtre (Grandeur et décadence de Marrakech, Les Enfants du pays, La Vie à côté), de plusieurs romans dont Haschich, qui a remporté le prix Atlas en 2000 pour le meilleur livre en langue arabe, et Un oiseau bleu et rare vole avec moi, lauréat du Prix du Maroc du livre en 2014.

Son nouveau roman, N’appelle pas, il n’y a personne, dont le titre est une référence à la chanson de Fayruz, clôture une trilogie de romans du même auteur consacrés au règne de Hassan II, avec Un joli chat blanc marche derrière moi puis Un oiseau bleu et rare vole avec moi. Dans son dernier roman, en toile de fond d’une histoire d’amour entre Farah et Osmane, qui travaille sur le chantier de l’immense mosquée Hassan II, l’auteur « dénonce en particulier le fossé qui n’a cessé de se creuser entre les riches et les pauvres », indique la maison d’édition Actes Sud.

Le nom du second finaliste marocain figurant dans cette sélection, Madi Belem, est moins familier. Et pour cause, le roman qui lui a valu sa nomination, La langue maudite, est en fait son premier, paru en mars 2020. À l’autre bout du fil, ce jeune auteur et acteur de 30 ans, de son vrai nom El Mahdi Belemlih, nous avoue être « honoré et ravi à l’annonce de cette nomination ». 

Et d’ajouter : « Ce roman parle d’un enfant qui assiste un père qui souhaite mourir. Ce père est écrivain marocain arabophone, et se retrouve accablé du fait de vivre dans un pays où l’on ne lit plus. Je parle de misère culturelle, alors cette nomination représente vraiment quelque chose. » 

Car ce roman, « c’est aussi un hommage », comme nous l’explique l’auteur. Ce père qui apparaît dans le roman, c’est celui de Madi Belem, feu Driss Belemlih, critique littéraire, romancier et universitaire spécialisé dans la littérature abbasside, disparu en 2013, dont Belemlih-fils dresse le portrait dans cette première oeuvre littéraire.

Une récompense de 10.000 euros

Le Prix de la littérature arabe, crée en 2013, est décerné chaque année par l’Institut du monde arabe (IMA) et la Fondation Lagardère à un roman dont l’auteur est ressortissant des pays membres de la Ligue arabe, et traitant d’une thématique du monde arabe. Le lauréat se voit décerner une somme de 10.000 euros.

Comme le précise le communiqué officiel relayé par l’IMA, cette sélection vise avant tout à « mettre à l’honneur la grande diversité de la littérature arabe ». Ce prix, annuellement attribué en fonction des qualités d’expression littéraire de l’auteur et du caractère novateur et original de l’oeuvre, est en fait « la seule récompense française distinguant la création littéraire arabe ». 

Tandis que le nom du finaliste sera annoncé début novembre lors d’une cérémonie à l’IMA en présence de son président, Jack Lang, un jury d’au moins six personnes dont la composition devrait bientôt être dévoilée, présidé par Pierre Leroy, est en charge des délibérations.

Malgré plusieurs nominations et sélections au fil des années, notamment des mentions spéciales du jury, aucun auteur marocain ne s’est encore vu décerner le Prix de la littérature arabe.