Aux côtés de Baraka, Ouahbi et Benabdallah donnent leur vision des élections de 2021

S’exprimant tous les trois le 22 juillet au siège de l’Istiqlal pour présenter un mémorandum conjoint sur les élections de 2021, les chefs du PAM, du PPS et de l’Istiqlal ont répondu aux questions des journalistes. Si leur entente cordiale ne fait pas l’ombre d’un doute, ils assurent avoir souhaité un rapprochement avec d’autres formations politiques.

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Nizar Baraka, Abdellatif Ouahbi et Nabil Benabdallah au siège de l'Istiqlal le 22 juillet 2020. Crédit : Rachid Tniouni / TelQuel Crédit: Rachid Tniouni/TelQuel

Le mémorandum présenté ce mercredi 22 juillet par les trois partis de l’opposition renferme une batterie de mesures en vue de réformer le système électoral national. Au-delà des mesures proposées dans l’objectif de voir un taux de participation “convenable” durant les prochaines échéances électorales, les leaders des trois partis ont affiché une sorte d’unité face à la dislocation qui semble caractériser les composantes de la majorité gouvernementale. Pour preuve, ils sont les seuls à s’être mis d’accord sur un mémorandum conjoint.

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Éventuelles alliances, discrimination positive, utilisation de symboles de la nation ou encore détermination d’un seuil électoral… Morceaux choisis des interventions des secrétaires généraux du PAM et du PPS, après l’exposition des grandes lignes du mémorandum par Nizar Baraka.

Abdellatif Ouahbi, secrétaire général du PAM

“Je pensais que la supposée harmonie des formations de la majorité leur permettrait de réaliser un mémorandum commun. C’est ce que nous avons réussi à faire dans l’opposition, mais il est encore très tôt pour parler d’alliances. Chaque chose en son temps.”

“Ne nous jugez pas sur le passé, car nous représentons, moi et mes deux camarades Nabil et Nizar, le futur”

Abdellatif Ouahbi, PAM

“Nous avons coordonné au niveau de nos groupes parlementaires, et je n’exclue pas de m’allier à l’Istiqlal et au PPS, car c’est le résultat des urnes qui décidera de la suite à donner. En parler aujourd’hui serait une façon arbitraire de peser sur les électeurs. Nous essayons simplement de créer une sorte d’espace commun de dialogue.”

“Nous proposons que la liste électorale des femmes soit établie au niveau régional et non plus national, et que la liste des jeunes soit conditionnée par des règles de compétences.”

“Sur la levée de l’interdiction des symboles de la nation dans la campagne électorale, nous n’avons pas tranché sur l’élément religieux, car nous avons eu un désaccord intellectuel. Cela dit, tout le monde est d’accord au sujet des constantes de la nation.”

“Par rapport au seuil électoral dont je suis le seul à demander la suppression, je dis que la démocratie doit accepter les minorités et même celles qui la contredisent, et ne pas laisser les grands et moyens partis dominer l’opération électorale.”

“La suppression du seuil permet une représentativité des petits partis au Parlement. C’est un avis qui ne corrompt pas le choix de l’électeur. Pour dire les choses clairement, le seuil ne convient pas à deux partis : nous et le PJD. Mais je reste convaincu que les petits partis doivent avoir plus de chances. Notre souci est d’améliorer l’opération électorale et démocratique. Nous ne mendions personne et ne nous soucions pas de la balkanisation de la scène politique.”

“La représentation parlementaire d’une ou deux opinions politiques n’est pas en mesure d’endoctriner le processus politique. Ne nous jugez pas sur le passé, car nous représentons, moi et mes deux camarades Nabil et Nizar, le futur. Et puis, nous prévoyons de nous diriger vers d’autres partis pour approfondir nos discussions.”

Nabil Benadallah, secrétaire général du PPS

“Le plus important à relever est que nous sommes trois partis qui ont publié un mémorandum commun. Au lieu de voir le paysage politique de façon unilatérale, où chaque parti présente son propre mémorandum, nous essayons de rendre rationnelle cette scène politique. C’est une bataille dans laquelle nous sommes complètement engagés.”

“Une position commune aurait été souhaitable, mais cela ne tient pas à nous qui avons fait de notre mieux pour faire converger nos visions. Et puis, notre positionnement dans l’opposition favorise cela.”

“Le mode de scrutin ne permet pas cette approche de présenter des candidats communs, que ce soit en liste ou en mode uninominal, sauf si nous avançons dans la coordination comme ce qu’ont fait quelques factions de la gauche.”

“Il faut évaluer cette étape de mémorandum dans son approche première qui constitue un signal fort, particulièrement par rapport à notre analyse politique de la situation dans ses aspects négatifs.”

“Il y a des courants politiques qu’il convient de retrouver au sein du Parlement, au lieu de les retrouver devant celui-ci en train de protester“

Nabil Benabdallah, PPS

“Nous notons la réticence du citoyen sur la question politique, ce que vous ne pouvez pas trouver dans les mémorandums des autres partis. Notre point d’entrée, c’est une direction et un choix démocratiques clairs, qui devraient encadrer la question politique dans notre pays.”

“Sans participation forte aux prochaines élections, toutes ces institutions resteront modestes de par leur représentativité.”

“Nous ne croyons pas à l’obligation du vote. C’est une folie. Vu la situation dans laquelle évolue notre société actuellement, cela conduirait à un effet contraire.”

“Nous avons proposé des mesures pour que les gens aillent voter, et pour dire aux jeunes que leur contribution d’une façon ou d’une autre dans la gestion de la chose publique nécessite un minimum qui est la participation aux élections, et non pas d’une manière qui ôte des droits ou qui impose une sanction.”

“Il est vrai que nous avons proposé l’interdiction de l’utilisation symboles de la nation sans citer expressément les symboles religieux. Mais nous ne sommes pas d’accord en cas de discours intégralement religieux dans un meeting, laissant croire qu’il y a exploitation de la religion à des fins politiques, c’est pour cela que nous n’avons pas inclus les symboles religieux. C’est une haute estime de notre part au drapeau national et à l’institution royale. C’est tout ce que cela veut dire.”

“Sur l’établissement de la liste des femmes à un niveau régional, nous disons d’abord que le monde entier n’a pas trouvé d’autre méthode autre que le quota. Il faut la dissocier de la liste des jeunes, et bien expliquer qu’il y a des énergies capables d’enrichir les débats parlementaires.”

“En décidant au niveau régional, il s’agit en soi d’un effort pour éviter les rentes, de sorte que cette question ne soit pas seulement tranchée au niveau national entre les dirigeants nationaux, et qu’elle contribue à la réconciliation entre les citoyens et l’institution législative.”

“Je comprends la position du PAM par rapport au seuil électoral. Nous avons toujours dit qu’il fallait le dépasser, ou au mieux le mettre à un niveau minimal. Il y a des courants politiques qu’il convient de retrouver au sein du Parlement, au lieu de les retrouver devant celui-ci en train de protester en dehors des institutions. D’où notre demande de baisser le seuil de 6 à 3 %. Et nous continuons à essayer d’avoir l’avis des autres formations politiques.”

“Par rapport à la Commission des élections que nous proposons de créer, d’autres parlent d’une autorité indépendante, sans gouvernement et sans ministère de l’Intérieur. Dans nos débats, nous avons souligné que c’est quelque chose de difficile à réaliser, car quand il s’agit de la rendre effective, il y a l’appareil administratif et des autorités publiques sans qui il est impossible d’organiser les élections. Ce que nous proposons est une commission nationale et des sous-commissions provinciales, comme ce fut le cas durant les années 1990.”