La Chambre a approuvé à l’unanimité l’envoi “d’éléments de l’armée égyptienne dans des missions de combat hors des frontières de l’État égyptien, pour défendre la sécurité nationale égyptienne”, selon un communiqué. Si le Parlement ne cite pas directement la Libye, les débats portaient bien ce pays voisin, les députés ayant discuté des “menaces auxquelles fait face l’État” à l’ouest, où l’Égypte partage une frontière poreuse en plein désert avec la Libye en guerre.
Le vote, qui s’est tenu à huis clos, intervient au lendemain d’une rencontre entre le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi avec le Conseil de la défense nationale qui comprend le président du Parlement, le ministre de la Défense, le ministre des Affaires étrangères et des commandants de l’armée.
Égypte contre Turquie
“L’Égypte ne ménagera aucun effort pour soutenir la Libye”, ont-ils convenu durant cette réunion, appelant à un “engagement en faveur d’un règlement politique” en Libye, selon la présidence égyptienne. La Libye, qui dispose des réserves de pétrole les plus abondantes d’Afrique, est déchirée par une lutte d’influence entre deux pouvoirs rivaux : le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et le maréchal Khalifa Haftar, qui règne sur l’Est et une partie du Sud.
Le premier est soutenu par la Turquie, qui a des militaires sur place, et le second par l’Égypte voisine, les Émirats arabes unis et la Russie. M. Sissi avait déclaré jeudi lors d’une rencontre avec des représentants des tribus de l’Est libyen que l’Égypte ne resterait pas “inerte” face à une “menace directe” sur sa sécurité nationale et celle de la Libye.
La semaine dernière, le Parlement basé dans l’est de la Libye qui appuie Khalifa Haftar avait dit être d’accord pour une intervention de l’armée égyptienne en cas de menace pour la sécurité des deux pays. Aux antipodes sur la question libyenne, l’Égypte et la Turquie entretiennent des relations tendues depuis la destitution en 2013 du président islamiste égyptien Mohamed Morsi, soutenu par Ankara.
En juin, après la progression des forces du GNA face à celles du maréchal Haftar sur le terrain, le président égyptien avait proposé un cessez-le-feu, le retrait des mercenaires et le démantèlement des milices en Libye. Ankara et le GNA ont rejeté le plan.
Syrte, une “ligne rouge”
Sissi avait prévenu que toute avancée des forces du GNA vers l’Est pourrait déclencher une intervention militaire égyptienne, alors que Tripoli a porté ses efforts en direction de Syrte. Appelant le maréchal Haftar à retirer ses forces de cette ville stratégique et à négocier un cessez-le-feu, le GNA a qualifié la position égyptienne de “déclaration de guerre”.
Or, Le Caire considère Syrte, qui ouvre l’accès aux gisements pétroliers libyens, comme une “ligne rouge”. La situation en Libye a été au centre d’un entretien téléphonique lundi entre M. Sissi et le président américain Donald Trump, selon la présidence égyptienne. Les deux hommes ont convenu de “maintenir le cessez-le-feu en Libye et éviter une escalade, afin de pouvoir lancer des négociations en vue d’un règlement politique”, selon la même source.
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est plongée dans le chaos et des conflits aux multiples fronts, complexifiés par la présence accrue d’acteurs internationaux.