La sécurité sanitaire des aliments est plus que jamais d’actualité du temps du Coronavirus. Alors que les fast-food et autres restaurants offrent leurs services de livraison à domicile ou des repas à emporter, quelques voix s’élèvent pour le renforcement des contrôles dans les zones à haut risque.
En parallèle, le Conseil économique social et environnemental (CESE) a dévoilé les résultats de son étude qui a pour but de relever les défaillances, et surtout proposer des solutions réalistes adaptées aux contraintes auxquelles font face les professionnels du secteur.
Des secrets de polichinelle
L’étude effectuée par le CESE relève des défaillances jusque-là connues, mais qui faisaient office de sujets tabous, comme le manque d’agréments ou encore l’absence de contrôles sanitaires avant la mise sur le marché de quelques produits. Le communiqué du CESE note que le « Conseil part du constat qu’une multitude d’établissements ne disposant ni d’agréments, ni d’autorisations sanitaires qui mettent, sur le marché, des produits qui exposent la santé du consommateur à des dangers avérés non maîtrisés ».
Dans le même sens, le CESE souligne le manque de contrôle au niveau de l’utilisation des pesticides. « L’utilisation des intrants et pesticides dans l’agriculture n’est pas suffisamment maîtrisée au regard des normes en vigueur. Ils présentent ainsi un risque avéré sur la santé et l’environnement et contribuent à la dégradation des ressources en eau et des écosystèmes naturels »
Le CESE explique ce constat par l’absence d’une politique publique intégrée de sécurité sanitaire des aliments induisant plusieurs défaillances qui ont trait à la multiplicité des intervenants fonctionnant souvent en silos, au chevauchement des compétences, à la prédominance de l’informel, à la faible traçabilité du marché domestique ainsi qu’au rôle limité des associations de défense des droits des consommateurs.
Les exportateurs, premiers de la classe
Le CESE relève une différence de degré de contrôle et de respect des réglementations des produits destinés à l’export, et ceux destinés au marché domestique, qu’elle qualifie de « dominé par l’informel ». Le communiqué explique que dans un souci de développement des exportations, les incitations économiques visant à encourager la sécurité sanitaire des aliments sont le plus souvent portées par la volonté d’accéder aux marchés internationaux. Par ce fait, le respect des normes édictées par les pays destinataires devient une condition nécessaire à l’exportation.
« Malheureusement, ce n’est pas le cas pour le marché domestique qui souffre encore de plusieurs insuffisances où certaines parties de la chaîne alimentaire échappent complètement à l’Onssa (locaux d’abattage, de préparation et de vente du poulet non agréés, ‘riachates’, alimentation de rue, fruits et légumes, etc.) » ajoute le communiqué.
Les recommandations du CESE
Pour redresser la barre et assurer la santé du consommateur marocain, le CESE a fait quelques recommandations, dans le but d’accompagner la conduite de changement.
- Mettre en place des mesures de communication destinées à informer les consommateurs et les acteurs de la chaîne alimentaire
- Améliorer et généraliser les mécanismes de mise à niveau des filières alimentaires
- Améliorer les conditions d’hygiène du secteur alimentaire informel, dans la perspective de l’intégrer à terme dans le secteur formel
- Transformer le consommateur en « un conso-acteur »
- Renforcer le rôle des fédérations et associations de protection des droits des consommateurs
- Développer fortement les possibilités offertes par la digitalisation pour améliorer la SSA
- Renforcer la recherche & développement
- Maîtriser l’utilisation des intrants, fertilisants et pesticides pour réduire leur impact sur l’environnement et sur la santé des consommateurs.
N.E