“Lundi 4 mars 2002, soit un jour avant la tenue du Conseil des ministres qui allait statuer sur le projet de loi (…), la conseillère de Sa Majesté le roi Mohammed VI (…) Madame Zoulikha Nasri, a appelé le conseiller du Premier ministre en charge du dossier, Driss Guerraoui, pour tenter de le convaincre que le projet de Code de couverture médicale de base n’a pas encore atteint la maturité nécessaire pour sa mise en œuvre et que des difficultés de financement le rendront non viable et l’empêcheront d’atteindre ses objectifs”.
Article initialement publié le 1er février 2020 dans le numéro 890 de TelQuel
L’actuel président du Conseil de la concurrence avait alors été chargé par la conseillère royale d’informer Abderrahmane Youssoufi qu’il serait “souhaitable” de ne pas l’inscrire à l’ordre du jour du Conseil des ministres. “Driss Jettou, alors ministre de l’Intérieur, et Abdessadek Rabii, alors Secrétaire général du gouvernement, sont venus me voir dans mon bureau pour aborder ce même sujet. Je leur ai fait savoir que je tenais absolument à maintenir ce point à l’ordre du jour du Conseil des ministres comme prévu. Puis, ce fut le tour de M. Mohamed Rochdi Chraïbi, alors membre du cabinet de Sa Majesté le roi, de venir me voir, dans une dernière tentative de me convaincre”, raconte Youssoufi.
L’ancien leader socialiste a tenu tête et présenté devant Mohammed VI les aspects essentiels de cette réforme. Entrée en vigueur en août 2005, l’AMO garantit aujourd’hui aux assurés le droit au remboursement ou à la prise en charge directe des frais de soins curatifs, préventifs et de réhabilitation. La population couverte (adhérents, conjoints et enfants à charge) était de 9,5 millions de personnes à fin 2018, soit 26,0% des Marocains.