Chakib Alj : “Le plan de relance coûtera 80 milliards de dirhams”

Le patron de la CGEM, Chakib Alj, était l’invité de l’émission Questions Eco sur Medi1 TV ce vendredi soir pour discuter du plan de relance économique proposé par l’organisation patronale. Morceaux choisis.

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Le patron 
des patrons, 
Chakib Alj. Crédit: Rachid Tniouni/TelQuel

“L’histoire, c’est que nous avons rencontré le Chef du gouvernement début mars, pour lancer un Comité de veille stratégique, finalement ce comité est devenu le Comité de veille économique (CVE), vu la situation. Nous parlons dans un climat de confiance, et avec beaucoup de pragmatisme. Tous les secteurs y sont représentés, toutes les entreprises privées.”

“Toutes les entreprises ont profité de ces mesures. Sur huit réunions, on s’adaptait à la situation car on ne savait pas comment ça allait évoluer. On traitait les différents problèmes qui remontaient, les uns après les autres.”

“On a œuvré pour la préservation des emplois, les salariés mis à l’arrêt, l’aide aux familles démunies et celles qui ne sont pas déclarées à la CNSS. Il y a eu l’aide pour les compléments de salaire, une approche tripartite ou l’employé a sacrifié une partie de son salaire, l’État a abandonné l’IR et les entreprises ont payé 50 %… c’est un exemple des mesures prises.”

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Damane Relance

“Pour établir le plan de relance, on a démarré par une enquête mi-avril, pour comprendre la situation et la détresse des entreprises. Nous avons mis en place le kit sanitaire, qui a été très bien accueilli. Il y a un mois, nous avons lancé une task force composée d’une dizaine de personnes pour travailler d’arrache-pied durant cette période difficile. C’est ainsi qu’on a pensé au plan de relance.”

“Parmi les mesures de sauvegarde des entreprises, il y a d’abord Damane Oxygène qui a profité à 17.000 entreprises qui ont pu tenir grâce à cette aide. On a ensuite fait le maximum de ce qu’on pouvait faire.”

“Pour la situation des foyers industriels, malgré toutes les mesures, le risque zéro n’existe pas. Il faut isoler les cas touchés. On a vu des cas dans des entreprises modèles dans le respect des mesures sanitaires… quand ça arrive, on arrive à les isoler.”

“Il y a sept mesures phares et 508 mesures différentes qui émanent des fédérations des différentes régions. Pour la gestion de la masse salariale, car toutes les entreprises ne pourront pas garder tous leurs employés pour la relance, il faudra les accompagner pour le démarrage. Deuxième mesure, l’extension de l’AMO. Il s’agit de la mise en place de l’AMO pour la majorité des entreprises, quasiment obligatoire pour que la cotisation soit faible et incitative. Pour la politique d’achat public et l’orientation du contenu local, il s’agira d’encourager le made in Morocco et la consommation des produits marocains par divers moyens. Je pense notamment à la douane et quelques droits (…) Le maintien des investissements et commandes publiques est très important, pour que la demande et la consommation locale soient maintenues… Et on a aujourd’hui Damane Relance.”

“La différence avec Damane Oxygène, c’est que ce dernier se limitait au mois de décembre, alors que Damane Relance c’est sur 7 ans, et on parle de 60 milliards de dirhams pour impacter la trésorerie des entreprises. Le problème des délais de paiement s’est posé avant le Covid-19 et c’était le premier dossier auquel il a fallu faire face. Nous avons trouvé une solution, la loi — telle qu’elle est — pénalisait celui qui ne se faisait pas payer. Telle qu’on l’a conçue, la loi pénalisera les mauvais payeurs à hauteur de 3 % sur un délai de 120 jours, et on va réduire à 60 jours.”

“Ce qui va être perçu au niveau des amendes sera remis aux petites entreprises pour les aider à redémarrer.”

“Donner plus de souplesse aux différents mécanismes de financement, c’est l’une des grandes mesures phares.”

Mobilisation générale

“Sur les 508 autres mesures, j’espère qu’elles seront toutes prises en considération. Toutes les idées préconçues sont aujourd’hui remises en question avec le Covid-19. C’est une occasion pour nous de prendre une nouvelle voie, vers la confiance, la transparence, l’efficacité et l’inclusion.”

“L’ingrédient est la mobilisation de toutes les composantes. Je me suis installé le 20 janvier, et depuis, on a dû faire face à tous ces problèmes.”

“Il y a un dialogue de partenariat et un dialogue d’écoute entre le public et le privé. Rétablir la confiance était l’un de nos objectifs, aujourd’hui, cette confiance est retrouvée.”

“On n’accepte pas le comportement immoral de certains patrons. Aujourd’hui, il n’y a pas de preuves, mais si ce genre de comportement (triche CNSS, ndlr), on le condamne. À titre personnel, je n’ai rien eu d’officiel, seulement beaucoup d’erreurs et d’incompréhensions…”

“Nous attendons que l’État nous accompagne avant de nous laisser nous développer. Mais dans une période comme celle-ci, tous les pays demandent l’intervention de l’État. Par rapport à ce qui se passe, beaucoup de remises en question sont en cours et il y aura beaucoup de dégâts, mais le Maroc présente une opportunité énorme pour les Européens et les Américains. Je pense qu’il y aura des transformations positives pour notre pays.”

“Pour renforcer l’offre nationale, il faut rendre le produit plus compétitif (…) Il faut simplifier la vie à l’entreprise pour qu’elle soit performante. On doit donner des avantages à la TVA, il faut revoir quelques ALE, c’est une question de volonté et de réflexion entre nous et l’administration.”

“Ce plan de relance coûtera autour de 80 milliards de dirhams, dont 60 milliards déjà en garantie.”

“Tout le monde s’engage pour réussir le plan de relance, la CGEM, l’État… Le pacte est entre nous et les citoyens, tout le monde doit y adhérer pour que ça fonctionne.”