Annulations d’événements, diminution ou arrêt des activités, pertes d’emplois… L’année 2020 s’annonce noire pour le secteur de la culture. Dans le cadre de son programme “Capitales africaines de la culture”, qui devait initialement se tenir cette année à Rabat, l’organisme Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLU-Afrique) vient de lancer un double questionnaire à destination des collectivités territoriales et des opérateurs culturels africains.
Le but : collecter le maximum d’informations sur les effets de la crise économique provoquée par l’épidémie de Covid-19 dans le secteur des arts et de la culture en Afrique. Les sondés ont jusqu’au 22 mai pour répondre.
Activités en péril
“La fermeture de sites patrimoniaux, de musées, de théâtres, de cinémas et d’autres institutions culturelles en raison de l’endiguement sanitaire ou de l’arrêt des voyages touristiques internationaux met en péril la continuité de l’activité des artistes, des industries créatives et du tourisme culturel”, indique CGLU-Afrique dans un communiqué.
En outre, “le travail et la mobilité des artistes et des acteurs du secteur culturel et événementiel ont un impact négatif sur l’organisation des expositions, des foires et des événements. Les annulations et les reports de ces activités affectent également les économies locales et les publics des villes où ces activités étaient prévues”, ajoute la même source.
Afin d’interpeller les chefs d’État africains sur la nécessité de mettre en place un fonds spécial d’aide au milieu de la culture, les initiateurs de l’enquête présenteront les résultats lors du prochain sommet de l’Union africaine (UA), prévu en octobre prochain. “Il est important que les mesures de soutien et de relance des activités économiques prennent également en compte les arts, les lettres, la culture et les industries créatives”, souligne le communiqué.
Cartographie du secteur
Khalid Tamer, directeur général du programme “Capitales africaines de la culture”, estime qu’aujourd’hui “personne n’a de vraie réflexion en matière d’aide au milieu culturel sur le continent africain, parce qu’il n’existe pas de cartographie détaillée du secteur”, explique-t-il à TelQuel. “Le but de cette enquête est d’effectuer un ‘mapping’ du secteur et de structurer le marché de l’industrie culturelle, qui ne l’est pas suffisamment à ce jour. Il est nécessaire de créer de vraies sociétés de production, de diffusion, d’organisation d’événements, etc., avec des administrateurs et des employés. Si le secteur reste dans l’informel, il est évident qu’il ne pourra pas être aidé ni aller plus loin”.
“Le but de cette enquête est d’effectuer un ‘mapping’ du secteur et de structurer le marché de l’industrie culturelle, qui ne l’est pas suffisamment à ce jour”
Des questions sur les mesures de soutien apportées aux industries culturelles et créatives par leur pays ou leur ville pendant la crise, ainsi que sur les appuis concrets dont les professionnels du secteur ont besoin pour se relever et les mesures les plus urgentes à prendre pour promouvoir le développement culturel figurent dans le questionnaire.
CGLU-Afrique, qui mène l’enquête avec plusieurs partenaires institutionnels tels que l’UNESCO, la CEDEAO ou encore l’Observatoire des politiques culturelles en Afrique (OCPA), a déjà récolté des réponses de collectivités territoriales et acteurs culturels du Kenya, du Nigéria, du Sénégal, de la Tunisie, du Maroc, des Comores, du Mozambique et de l’Afrique du Sud. “Avoir une vision globale du secteur au niveau continental pourra ensuite permettre d’apporter des solutions. Mais ce sera aux chefs d’État de décider ce qu’ils voudront faire”, souligne Khalid Tamer.