La pandémie, qui a fait plus de 200.000 morts sur près de trois millions de contaminés dans le monde, marque enfin le pas dans les quatre pays européens les plus touchés. Ils affichaient en effet dimanche 26 avril des bilans quotidiens en nette baisse : 288 morts en Espagne, 260 en Italie, 242 en France et 413 morts à l’hôpital au Royaume-Uni, le nombre le plus bas depuis la fin mars.
De loin le pays le plus touché par la pandémie, aussi bien en nombre de contaminations que de décès, les États-Unis ont quant à eux enregistré dimanche soir 1330 décès supplémentaires ces dernières 24 heures.
L’heure est au déconfinement
Les Suisses pourront quant à eux retourner chez le coiffeur, avec la réouverture de certains commerces lundi. Sous réserve de respecter les mesures-barrières, ce sont d’abord les coiffeurs, physiothérapeutes, médecins, salons de massage, fleuristes, jardineries, ainsi que les crèches qui reprendront leurs activités.
Le confinement y était moins dur qu’en Espagne. Après six semaines cloîtrés chez eux, les petits Espagnols peuvent depuis dimanche recommencer à jouer dans la rue, avec un certain nombre de restrictions comme l’absence de contacts. Le confinement a été prolongé jusqu’au 9 mai inclus, et le gouvernement présentera mardi 28 avril son plan d’assouplissement.
Le même jour, le Premier ministre français, Édouard Philippe, dévoilera sa “stratégie nationale du plan de déconfinement”, qui doit débuter le 11 mai, avec notamment une réouverture progressive, mais controversée, des écoles. L’Italie aussi doit détailler en début de semaine les mesures qu’elle envisage à compter du 4 mai. Les écoles resteront cependant fermées jusqu’en septembre.
À Londres, le Premier ministre Boris Johnson, lui-même frappé par le virus, doit effectuer lundi un retour aux affaires très attendu. La Norvège a rouvert les écoles pour les plus petits lundi. Une semaine après les “barnehager” qui font office de crèches et de maternelles, c’est au tour des enfants de six à dix ans de retrouver les bancs de l’école, dans des classes réduites à 15 élèves.
La Chine retrouve son train de vie
En Chine également, où était apparu le Covid-19 à la fin de l’année dernière, collégiens et lycéens ont fait lundi une rentrée ultra-sécurisée — avec masques et prises de température — dans les métropoles de Pékin et Shanghai, après près de quatre mois de grandes vacances pour cause d’épidémie.
“Je suis contente, ça fait trop longtemps que je n’ai pas vu mes camarades de classe”, sourit Hang Huan, 18 ans, devant le lycée Chenjinglun, dans l’est de la capitale chinoise. “Ils m’ont beaucoup manqué”, confie-t-elle à l’AFP, masque sur le visage et son survêtement faisant office d’uniforme. À Pékin, seuls les lycéens de dernière année ont été autorisés lundi à revenir en classe pour préparer le “gaokao”, l’examen d’entrée à l’université. À Shanghai, ce sont les élèves de dernière année de collège qui ont repris la classe.
Toutes les écoles chinoises étaient fermées depuis la fin janvier. Le pays a depuis lors jugulé l’épidémie, avec un bilan officiel de 4633 morts, mais les autorités redoutent à présent une seconde vague de contaminations avec des cas dits “importés”, en majorité des Chinois de retour au pays.
Les États-Unis s’accrochent
Aux États-Unis, le président Donald Trump n’a pas donné dimanche son habituel briefing coronavirus, après les sarcasmes suscités par ses recommandations (“ironiques”, a-t-il assuré après coup) sur l’injection de désinfectant dans le corps des patients. Il s’est contenté de lancer ses habituelles piques contre la presse : les médias “désespèrent de créer une impression de chaos”, a-t-il twitté.
I never said the pandemic was a Hoax! Who would say such a thing? I said that the Do Nothing Democrats, together with their Mainstream Media partners, are the Hoax. They have been called out & embarrassed on this, even admitting they were wrong, but continue to spread the lie!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) April 25, 2020
La reprise se prépare, comme dans l’État de New York, où certaines activités manufacturières et des chantiers pourraient reprendre après le 15 mai. Pour survivre, les “food trucks” vont d’ores et déjà chercher les clients là où ils sont confinés en télétravail.
“On aime bien cuisiner, mais la diversité des restaurants de la ville nous manque, alors on se fait une petite folie”, témoigne Elise Blake, une professeure de musique de 37 ans, descendue chercher sa commande au “Dirty South Deli” (DSD), qui est venu se garer dans sa rue de Brookland, quartier résidentiel du nord-est de la capitale américaine.
Un retour vers une certaine normalité qui n’est pas du goût de tout le monde : au Pérou, le président Martin Vizcarra s’est offusqué dimanche des queues de consommateurs ne respectant pas les distances de sécurité pour acheter… de la bière.
“On aurait dit que c’était un samedi de fête”, a-t-il déploré, commentant une vidéo sur les réseaux sociaux. Au Pérou, qui comptait dimanche 728 morts, le confinement doit durer jusqu’au 10 mai, avec couvre-feu nocturne et fermeture des frontières. Et au Brésil, le chef Raoni, figure emblématique de la lutte contre la déforestation en Amazonie, a lancé dimanche un appel aux dons, afin d’aider les populations indigènes, particulièrement vulnérables aux virus importés comme le Covid-19.
Ramadan confiné
Le monde musulman est quant à lui entré ce 27 avril dans son quatrième jour de jeûne du ramadan sans prières collectives ni repas partagés : les portes des mosquées restent closes et les rassemblements familiaux sont interdits. Mais ces mesures restent largement ignorées dans plusieurs pays, au Pakistan notamment.
L’Arabie saoudite a de son côté partiellement assoupli dimanche son couvre-feu total. À l’exception notamment de la ville sainte de La Mecque.
Au Liban, des manifestants ont bravé le couvre-feu mis en place contre la pandémie et coupé tard dimanche soir des routes à travers le pays pour dénoncer la détérioration de la situation économique.