Avigan est le nom de marque du favipiravir. Il a été développé par Fujifilm Toyama Chemical et approuvé en 2014 au Japon. Mais le médicament n’est autorisé dans l’archipel nippon que dans les cas d’épidémie de grippe contre lesquelles les traitements existants sont inefficaces. Il n’est pas disponible à la vente et ne peut être produit et distribué que sur requête du gouvernement japonais.
Le favipiravir agit en bloquant la capacité d’un virus de se répliquer à l’intérieur d’une cellule. Il n’est pas sans susciter des inquiétudes quant à ses effets secondaires : des études menées sur des animaux montrent qu’il affecte le développement du fœtus. Il n’est donc pas administré aux femmes enceintes et des experts en médecine disent également qu’ils ne le recommanderaient pas pour traiter enfants ou adolescents.
Premiers tests
Certains médecins ont commencé à utiliser du favipiravir pour traiter des personnes aux premiers stades du coronavirus, estimant que ses propriétés antivirales seraient opérantes. De premiers résultats indiquent que ce traitement pourrait contribuer à raccourcir le temps de guérison des patients, et le ministère chinois des Sciences et Technologies a fait état de “très bons résultats cliniques”.
De premiers résultats indiquent que ce traitement pourrait contribuer à raccourcir le temps de guérison
Quelque cinq essais cliniques sont actuellement en cours à travers le monde, aux États-Unis, en Italie et au Japon, où Fujifilm a annoncé qu’il vérifierait l’efficacité du remède sur 100 patients jusqu’à fin juin. L’étude japonaise consistera à administrer ce médicament pendant une période allant jusqu’à 14 jours à des personnes âgées de 20 à 74 ans souffrant d’une pneumonie légère.
Gaetan Burgio, un généticien de l’école australienne de médecine Australian National University’s College of Health and Medicine, explique que ces essais vont examiner une série de facteurs dont les résultats cliniques (effets sur la fièvre, la toux, l’oxygénation, le temps de guérison et le temps passé à l’hôpital) ainsi que la vitesse à laquelle le virus est évacué de l’organisme avec radio et tomodensitométrie pour surveiller la pneumonie.
“Si nous constatons une réduction significative des signes cliniques et une charge virale réduite dans les groupes des personnes traitées au favipiravir, cela sera un signe encourageant pour mener un essai clinique à plus grande échelle”, dit-il à l’AFP.
Que peuvent apporter ces tests ?
Si des médecins ont déjà expérimenté le favipiravir pour traiter des patients atteints par le coronavirus, ces essais seront menés suivant des protocoles rigoureux destinés à s’assurer que ce traitement est sûr et efficace pour un large éventail de malades.
“Pour l’heure, le meilleur traitement contre le Covid-19 est de s’isoler, se laver les mains, rester à la maison”
“Des études d’ampleur réduite ont été publiées, mais il est difficile d’en tirer des conclusions, car le nombre de patients est faible et ces essais ne comportent souvent pas de comparaison avec les meilleurs soins de soutien ou un placebo, mais font le plus souvent la comparaison avec un autre médicament”, explique Stephen Griffin, virologue à l’Université de Leeds, au Royaume-Uni. “Les essais de grande ampleur devraient être séparés en différents niveaux de gravité de la maladie et faire des comparaisons avec un placebo.”
Un grand nombre de produits sont testés en vue d’un traitement de personnes atteintes par le coronavirus, dont le remdesivir, un autre antiviral. Une étude des deux médicaments a constaté que le favipiravir n’était efficace contre le coronavirus qu’à des concentrations relativement élevées, et a considéré que le remdesivir était une meilleure option, en partie en raison de la façon dont les coronavirus se répliquent comparé à d’autres virus, indique M. Griffin.
Mais le remdesivir n’a de licence nulle part dans le monde et doit être administré en intraveineuse alors que le favipiravir est approuvé dans plusieurs pays et peut être pris oralement.
L’essai de Fujifilm doit durer jusque fin juin et d’autres données devraient parvenir d’essais réalisés en Italie et ailleurs. L’usage dit compassionnel du médicament par des médecins hors études et lorsque les autres traitements sont sans effet devrait apporter des informations supplémentaires.
“Il y a actuellement plus de 300 essais cliniques en cours concernant le Covid-19, avertit M. Burgio. Les espoirs d’un remède miracle sont très grands ! Mais attendons. Pour l’heure, le meilleur traitement contre le Covid-19 est de s’isoler, se laver les mains, rester à la maison.”