C’est dans un Parlement presque désert que Saâd-Eddine El Othmani s’est prêté à son premier grand oral de la session parlementaire d’avril. Il y était évidemment question des conséquences sanitaires, économiques et sociales de l’évolution de la pandémie de coronavirus au royaume.
Après avoir remercié l’ensemble des structures, instances et personnes mobilisées pour endiguer le Covid-19, le chef du gouvernement a indiqué que “les directives prises par notre pays nous ont évité le pire, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de danger, car le virus sévit encore ! D’où l’importance d’être vigilants et de respecter le confinement et les mesures sanitaires prévues par les autorités publiques”.
La patience pour maître-mot
À propos de la levée ou du prolongement du confinement — fixé au 20 avril —, le chef de l’Exécutif est resté évasif. “J’appelle les Marocains à s’armer de patience, le confinement peut durer deux semaines, trois semaines ou plus, selon l’évolution de la pandémie.” Et d’ajouter, après des interventions de parlementaires : “Nous allons décider de la levée ou du prolongement du confinement le moment opportun, mais tout est possible.”
“Nous allons décider de la levée ou du prolongement du confinement le moment opportun, mais tout est possible.”
Le chef du gouvernement est revenu sur l’hécatombe économique causée par la propagation de Covid-19. Il s’est dit “conscient que des Marocains ont, du jour au lendemain, perdu leurs revenus”, mais a rappelé que des mesures exceptionnelles ont été prises par le Comité de veille économique. Ainsi, Saâd-Eddine El Othmani précise que plus de 700.000 personnes ont pu bénéficier de l’indemnité de perte d’emploi mise en place par la CNSS. Au niveau du secteur informel, 600.000 bénéficiaires, affiliés au Régime d’assistance médicale (RAMED), ont été jusqu’à présent comptabilisés.
Quant à la décision de dépassement des seuils de financement extérieur, jugée “opaque” par le député FGD Omar Balafrej, il explique brièvement “qu’il s’agit d’une mesure préventive qui ne sera pas comptabilisée dans la dette extérieure publique du Maroc.”
Le dossier des nombreux Marocains bloqués à l’étranger depuis la fermeture des frontières a été vaguement évoqué par le chef de l’exécutif. “Le ministère des Affaires étrangères ainsi que le ministère délégué chargé des Marocains résidents à l’étranger travaillent jour et nuit pour trouver des solutions aux 7000 ou 7500 Marocains bloqués à l’étranger, en leur fournissant des logements, des médicaments et en mettant à leur disposition des équipes médicales (…) Nous faisons un suivi pour préparer leur retour, c’est pour cette raison que je vous demande d’être patients”, a-t-il expliqué.
13 millions de masques distribués
Sur la question de la qualité des masques subventionnés et la lenteur d’approvisionnement des points de vente, Saâd-Eddine El Othmani confie que “13 millions de masques ont été distribués depuis que le Maroc a rendu obligatoire le port du masque de protection”, et rejette la rareté de ces masques sur les personnes qui “se sont ruées pour en acheter trois paquets ou plus, et peut-être même pour les revendre”. Et de préciser : “Les masques vendus sont conformes aux standards de protection (…) Au niveau des épiceries, ils seront vendus non pas à l’unité, mais dans des paquets de 10.”
“Au niveau des épiceries, ils seront vendus non pas à l’unité, mais dans des paquets de 10”
Depuis l’instauration de l’état d’urgence sanitaire et jusqu’au 12 avril, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a recensé 28.000 interpellations à travers le royaume. Au sujet de ces interpellations massives, Saâd-Eddine El Othmani commente : “Nous ne sommes pas ravis par ces interpellations, mais il est primordial de respecter les lois mises en vigueur.”
Interpellé par les parlementaires en fin de la séance sur sa manière, pour le moins incongrue, de porter son masque (porté sur une seule oreille), le chef de l’exécutif a rétorqué, un brin agacé, que partout dans le monde les chefs de gouvernement ne portent pas de masque au sein de l’hémicycle.