Face à la propagation rapide du coronavirus (Covid-19), la mobilisation de l’ensemble du personnel médical est devenue plus que jamais une priorité. C’est en effet le cas dans la région Casablanca-Settat qui, jusqu’à ce jour, est la plus touchée par le nouveau virus (149 cas de Covid-19 positifs ce lundi 30 mars à 8 heures). Dans une lettre adressée le 27 mars aux médecins du secteur libéral, le président du Conseil régional de l’Ordre des médecins a avisé ses confrères quant à l’obligation de justifier la fermeture de leurs cabinets.
Les médecins qui décident de fermer leur cabinet doivent fournir un dossier avec une demande manuscrite justifiant le motif de fermeture. Ce dossier doit également comprendre le numéro et l’e-mail personnels du médecin, son adresse, ainsi qu’une copie de sa carte d’identité nationale, lit-on dans la lettre. Aussi, la réouverture du cabinet nécessite une demande écrite et “l’accord préalable de la commission de l’exercice médical du Conseil régional de l’Ordre des médecins”.
“Les médecins libéraux font front commun avec ceux du public. Ils ne méritent pas de recevoir une lettre dénuée de tout sens”
La missive du président régional de l’Ordre des médecins a déclenché le courroux des blouses blanches. “Nous avons manifesté notre total engagement dans la lutte contre le coronavirus. Les médecins libéraux font front commun avec ceux du public contre ce nouveau virus. Ils ne méritent pas de recevoir une lettre dénuée de tout sens”, martèle Badreddine Dassouli, président du Syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL). Et d’ajouter : “C’est une surenchère inappropriée qui va désolidariser le corps médical au moment où le Maroc a besoin de l’ensemble de ses médecins.”
Restreindre les consultations
Cette lettre laisse à croire que plusieurs médecins du secteur libéral ont abandonné le terrain en pleine crise. Une supposition qui irrite les toubibs concernés. “Un petit nombre de médecins ont en effet fermé leur cabinet, mais il s’agit de médecins vulnérables, des personnes âgées ou qui souffrent de maladies chroniques”, précise Badreddine Dassouli. Pour lui, l’Ordre des médecins aurait dû “demander à ces personnes de fermer leur cabinet et rester chez elles pour qu’elles ne soient pas exposées à une maladie qui pourrait mettre fin à leur vie”.
Si cette première catégorie a été contrainte d’abandonner temporairement la blouse blanche, d’autres ont décidé de restreindre les consultations. Mais il ne s’agit pas d’un choix. “On voit les patients sur rendez-vous, d’une part pour lutter contre l’encombrement des cabinets, et de l’autre, parce que le nombre de malades a drastiquement baissé”, explique le médecin.
Le privé en difficulté
À l’image des autres professionnels libéraux, les médecins du secteur privé sont également impactés par la crise économique engendrée par le confinement imposé. “Les cliniques et les cabinets reçoivent de moins en moins de patients. Ces derniers ont tellement peur du coronavirus qu’ils préfèrent ne pas soigner leurs maladies”, souligne Badreddine Dassouli.
Face à cette panique généralisée et justifiée, plusieurs médecins du privé ont opté pour le télétravail. Or, selon le président du SNMSL, ces médecins “ne sont pas payés pour la téléconsultation ou pour les consultations sur WhatsApp”. “Le manque à gagner est énorme, mais on le supporte pour servir les citoyens”, assure-t-il avant de conclure : “Si les citoyens ne se plaignent pas de l’absence des médecins ou de la fermeture des cabinets, c’est qu’on assure bien notre mission”.
Contacté par TelQuel, le président régional de l’Ordre des médecins n’a pas donné suite à nos sollicitations.