Mis à mal par le confinement, les auto-entrepreneurs demandent une aide de l'Etat

Le Collectif d'auto-entrepreneurs marocains demande au Chef du gouvernement d'être inclus dans les récentes mesures prises par le Comité de veille économique.

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Face au coronavirus, les auto-entrepreneurs appellent à l’aide. Dans une lettre ouverte, adressée à Saad-Eddine El Othmani, le Collectif des auto-entrepreneurs marocains fait part de sa profonde “préoccupation” en ces temps troubles pour l’activité économique. Ils interpellent ainsi le Chef du gouvernement à se pencher sur leur situation, puisque leur activité est à l’arrêt après les différentes mesures de confinement.

Le collectif demande au chef de l’Exécutif de faire bénéficier les personnes ayant ce statut “du soutien de l’État”, notamment financier afin de “pallier le manque à gagner”, mais également préserver “la précarité à cette catégorie de citoyens”.

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Contactée par TelQuel, Wafae Zaoui, membre du groupe Facebook et elle-même auto-entrepreneuse dans le domaine de la maroquinerie a vu son activité totalement “gelée” depuis l’annonce des récente mesures.

Fondatrice du projet Bill Yadi, qui fait la part belle à la promotion d’un artisanat traditionnel, elle conçoit des pièces de maroquinerie, mêlées à des formes d’art calligraphiques dans son atelier-boutique, situé dans la médina de Rabat.

Contrainte de fermer boutique depuis quelques jours, elles sont deux employés à en faire les frais. Avec peu de garanties derrière. “C’est un vrai manque à gagner pendant la période de l’épidémie, concède-t-elle. Et d’ajouter : Cela va être sans doute négatif sur ce qui va advenir par la suite.

Une situation partagée par d’autres auto-entrepreneurs, dans des secteurs variés. De quoi pousser le Collectif des auto-Entrepreneurs Marocains à se faire entendre. Cette plateforme regroupe d’après notre interlocutrice “près de 80 000 membres” et compte quelques 32 780 membres sur son groupe Facebook. Ils en appellent à bénéficier également des mesures prises “en faveur des salariés du secteur privé et des autres catégories exerçant dans le secteur informel”.

Il s’agirait d’une procédure de généralisation de ces mesures afin d’ajouter le statut d’auto-entrepreneurs aux côtés des statuts déjà existant, détaille Wafae Zaoui. Les entreprises, mais aussi les employés licenciés, ou placés en congés sans solde sont déclarés chez la CNSS et vont bénéficier d’une aide financière de 2.000 dirhams”.

Le 19 mars dernier, le gouvernement, la CNSS et la CGEM ont signé une convention de partenariat afin de mettre en place deux mesures visant à protéger les emplois, mais aussi “accompagner les secteurs vulnérables aux chocs induits par la crise du coronavirus”. Parmi elles, l’octroi d’une indemnité mensuelle nette de 2.000 dirhams accordée au profit des salariés déclarés à la CNSS au titre de février 2020, relevant des entreprises en situation d’arrêt total ou partiel, et ce du 15 mars au 30 juin 2020. Celle-ci ne fait pas barrière aux allocations familiales qui sont également versées.

Un statut qui concerne de plus en plus de monde

Des cotisations pour une couverture sociale et médicale dont en sont exclus les auto-entrepreneurs, dont le nombre, à fin septembre 2019, était estimé à 118 500 personnes. Un chiffre en hausse, avec des demandes d’inscription qui, à la même date, dépassaient les 142 500 candidats.

Pourtant l’épidémie gagnant du terrain,  elle souligne la situation de fragilité à laquelle sont confrontés les entrepreneurs qui y sont affiliés. Notamment au moment de faire valoir leur droits et inquiétudes. C’est tout l’objectif de cette lettre qui concerne l’ensemble des auto-entrepreneurs dont l’activité est en arrêt. À défaut de passer par d’autres biais.

Pour pouvoir discuter et rencontrer des représentants, il faut nommer des interlocuteur et ce n’est pas le cas pour les auto-entrepreneurs, pour qui le cadre n’est pas encore formel”, relève Wafae Zaoui, soulignant le manque de cadre associatif. Et d’ajouter : Nous ne pouvons pas créer une association d’ici demain”.

Des choses qui avancent lentement pour un statut existant au Maroc depuis février 2015. Il a pourtant été, depuis, encouragé par le roi Mohammed VI, notamment à l’occasion du discours d’octobre dernier. Fin janvier, le Souverain avait donné son feu vert pour une batterie de mesures, dans le cadre du programme Intilaka, visant à encourager entrepreneuriat.

Monsieur le Chef de Gouvernement, nous avons été très encouragés par l’appel de notre roi, à dynamiser le champ entrepreneurial, incitant les Marocains à s’inscrire dans des initiatives d’emplois alternatifs”, mentionne le courrier, précisant que le statut contribue activement à l’économie nationale en s’acquittant de ses taxes fiscales, en luttant contre l’informel et en contribuant à réduire le taux de chômage. Ils en appellent, enfin, à être “comptés parmi les catégories socio-professionnelles visées par le plan du Comité de veille économique.