Personnel soignant, mobilisés au péril de leur santé

Depuis la déclaration du premier cas de coronavirus au Maroc, des médecins, infirmiers, aides-soignants et ambulanciers mettent leur santé en péril pour sauver celle des autres. Une mobilisation sans faille malgré des moyens de prévention insuffisants.

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À l'hôpital public, le corps médical a mis de côté grèves et revendications pour sauver des vies. Crédit: Aic Press

Je tiens à remercier les professionnels de la santé qui sont en première ligne dans le combat contre le coronavirus”, profère Khalid Ait Taleb, ministre de la Santé, lors d’un point de presse tenu le 18 mars. Comme lui, les officiels profitent de leurs sorties médiatiques pour louer l’engagement des soignants en ces temps troubles. Il faut dire que le corps médical est en première ligne face au coronavirus : accueil des personnes suspectes, dépistage des symptômes de la maladie, mise en quarantaine pour les personnes contaminées tout en restant à leur chevet… Sont-ils au moins bien protégés ?

“Nous avons mis notre dossier revendicatif de côté pour nous mettre au service du ministère de la Santé et des citoyens”

Mountadar Alaoui, SG du SIMSP

Le 13 mars, le ministre de la Santé a décidé de suspendre les autorisations d’absence et de congés pour l’ensemble du personnel soignant et administratif qui travaille dans les établissements de santé. Une décision qui n’a pas été contestée par les personnes concernées ni par les centrales syndicales.

Ces dernières ont même annoncé la suspension de leur programme de grèves. “Nous avons mis notre dossier revendicatif de côté pour nous mettre au service du ministère de la Santé et des citoyens”, nous a déclaré Mountadar Alaoui, secrétaire général du Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP). Et d’ajouter : “Nous sommes tous (médecins du secteur public, ndlr) à la disposition du ministère de la Santé dans son combat contre le coronavirus”.

“Il a été évident pour le Conseil d’interagir positivement avec le plan national pour affronter cette crise”

Communiqué du MISTM

Les médecins libéraux ont également manifesté leur extrême mobilisation contre le nouveau virus. “Les médecins généralistes et spécialistes du secteur libéral se mettent à la disposition de la tutelle afin de renforcer le corps médical en attendant une coordination étroite et effective pour sortir de la crise avec un minimum de dégâts”, précise le Syndicat national des médecins du secteur libéral dans un communiqué diffusé le 18 mars.

Même son de cloche chez les professions infirmières. Le Mouvement des infirmiers et techniciens de santé du Maroc (MISTM) a en effet annoncé la suspension de son programme de grève. “Conscient du rôle majeur que jouent les cadres infirmiers comme composante essentielle du système de santé au Maroc, il a été évident pour le Conseil d’interagir positivement avec le plan national pour affronter cette crise”, lit-on dans le communiqué du MISTM, diffusé le 13 mars dernier. Le MISTM n’a pas manqué de souligner dans son communiqué “les risques de la profession” en appelant la tutelle de leur “assurer plus de protection”.

Qui protège le corps médical ?

Le ministère de la Santé est soumis à une rude épreuve : lutter contre la propagation d’une maladie très contagieuse tout en assurant une protection optimale aux professionnels de la santé. Si sa stratégie de lutte contre la maladie s’avère, jusqu’à ce jour, efficace, celle de la protection de ses ressources humaines affiche des lacunes.

“Nous espérons avoir suffisamment de moyens de prévention dans les jours à venir”

Hamid Massou, membre du MISTM

Nous réclamons au ministère de mettre tous les moyens de prévention à la disposition du personnel soignant pour préserver leur santé et celle des citoyens”, insiste Mountadar Alaoui. Une revendication qui révèle une protection a minima des blouses blanches par le ministère de la Santé.

Les hôpitaux en première ligne et les unités d’isolement sont bien équipés et le personnel qui y exerce se sent protégé. Par contre, les autres structures manquent des dispositifs de protection. Même les bavettes chirurgicales, les casaques et le gel hydroalcoolique y sont absents”, martèle Hamid Massou, membre du Conseil national du Mouvement des infirmiers et techniciens de santé au Maroc.

Et de poursuivre : “Nous espérons avoir suffisamment de moyens de prévention dans les jours à venir, surtout que le fonds spécial pour la gestion de la pandémie de coronavirus prendra en charge les dépenses de mise à niveau du dispositif médical.”

Les Marocains vous saluent

Conscients des efforts déployés par le personnel soignant et des risques qu’il encoure, les Marocains ont multiplié les messages de remerciements ainsi que les initiatives de solidarité.

Comme en France, au Pays-Bas, en Espagne ou en Belgique, les Marocains proposent, tous les soirs durant une minute à partir 19 heures, d’applaudir le personnel soignant, mais aussi les forces de l’ordre et toutes les personnes mobilisées en première ligne pour faire face au coronavirus. Sur les réseaux sociaux, les messages d’encouragements et de remerciements fusent.

D’autres actions de soutien sont également relayées sur les réseaux sociaux : des restaurants proposent des repas gratuits pour le personnel soignant et autres personnes mobilisées contre la propagation de la maladie.

 

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