Entré au gouvernement espagnol le 9 janvier dernier suite à une alliance avec le Parti socialiste (PSOE) au pouvoir, Podemos s’empare déjà de l’épineux dossier du Sahara.
Vendredi 21 février, le secrétaire d’État aux affaires sociales Nacho Alvarez, issu de la formation d’extrême gauche, a tenu au siège du département à Madrid une réunion avec une délégation du Polisario emmenée par Souilma Birouk, ministre des Affaires sociales et de la promotion de la femme.
“Nous lui avons exprimé l’engagement à continuer à coopérer dans les aides destinées aux personnes handicapées, et notre solidarité avec le peuple sahraoui”, a expliqué Alvarez dans un tweet, accompagné de photos de la rencontre, supprimé quelques heures plus tard. Souilma Birouk a, elle, fait valoir que l’Espagne “assume de grandes responsabilités en sa qualité de puissance administrative du Sahara occidental”, alors même que le pays a renoncé à toute responsabilité administrative sur le territoire depuis l’Acte constitutionnel provisoire du Sahara occidental de 1976.
L’affaire des Affaires étrangères
Dimanche 23 février, toujours sur Twitter, la ministre espagnole des Affaires étrangères Arancha Gonzalez a été la première à réagir. Annonçant avoir eu un entretien téléphonique avec son homologue Nasser Bourita, elle a affirmé que les communiqués publiés suite à la rencontre Alvarez-Birouk “ne reflétaient pas la position du gouvernement espagnol” sur la question du Sahara, celle-ci relevant d’une “politique d’État”. “L’Espagne ne reconnaît pas la RASD”, a-t-elle ajouté.
Llamada de mi homólogo marroquí sobre entrevista del Secretario de Estado de Asts Sociales con representante de Frente Polisario. He aclarado que
– artículos publica2 no reflejan la posición del gobierno
– posición de 🇪🇸 sobre #SaharaOccidental no ha cambiado, es políca de Estado— Arancha González (@AranchaGlezLaya) February 23, 2020
Lundi matin, Pablo Iglesias, leader de Podemos et vice-président du gouvernement espagnol, a voulu minimiser le geste de son camarade de parti en expliquant que l’entrevue avait eu lieu “à la demande de la loterie nationale dans le cadre d’un programme d’aide aux non-voyants dans les camps de Tindouf”. Avant de reconnaître que pour ce qui est “des relations avec le Maroc, quand il s’agit notamment de définir la position de l’Espagne sur le Sahara, c’est au ministère des Affaires étrangères de se prononcer sur cette question”.
Un contexte tendu
Si la coalition gouvernementale nouée entre le PSOE et Podemos ne fait pas référence à ce conflit vieux de 40 ans, le parti d’Iglesias plaide depuis longtemps pour une modification de la politique étrangère de l’Espagne en faveur d’une reconnaissance directe de la RASD.
L’hostilité du jeune parti est récemment montée d’un cran, lorsque le Parlement marocain a approuvé, le 22 janvier dernier, deux projets de loi au sujet de l’extension du domaine maritime national au littoral saharien. L’antenne de Podemos aux îles Canaries, territoire autonome sous souveraineté espagnole, a aussitôt dénoncé une “politique expansionniste du Maroc”.
Deux jours plus tard, Arancha Gonzalez, en visite à Rabat pour y rencontrer Nasser Bourita, a déclaré que “le Maroc a exercé son droit en entamant un processus juridique destiné à délimiter son espace maritime”, tandis que le ministre marocain estime que “ces questions peuvent être abordées avec l’Espagne par le dialogue, grâce aux relations positives existant entre les deux pays”.