Après près de 500 décès, l’OMS estime qu’une fenêtre de tir existe pour endiguer l’épidémie

Le monde dispose encore d’une “fenêtre de tir” pour endiguer l’épidémie de pneumonie virale, avertit l’OMS, alors que le bilan s’approche des 500 morts et que les mesures de confinement gagnent en ampleur à travers la Chine.

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Un homme est transporté en ambulance ce 5 février à Hong Kong, région qui a enregistré 18 cas de contamination et un mort. Crédit: Philip Fong/AFP

Après la mise en quarantaine de facto de Wuhan et de la province du Hubei, épicentre du nouveau coronavirus, un nombre grandissant de villes de l’est de la Chine — dont la métropole économique de Hangzhou — imposent des restrictions de déplacement à leurs habitants.

Des mesures draconiennes saluées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : “Il existe une fenêtre de tir grâce aux mesures fortes prises par la Chine (…). Ne laissons pas passer cette fenêtre”, a insisté, mardi 4 février au soir, son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

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24.000 personnes contaminées

Au moins 490 personnes atteintes du nouveau coronavirus 2019-nCoV sont mortes en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao), la plupart à Wuhan et dans sa province du Hubei, selon le bilan officiel du mercredi 5 février. Plus de 24.000 cas de contamination ont été confirmés dans le pays.

Par contraste, près de 200 cas de contamination ont été identifiés en dehors de Chine, dans une vingtaine de pays. Hong Kong, territoire chinois semi-autonome, faisait état mardi 4 février de son premier décès. “Cela ne signifie pas que la situation ne va pas empirer”, a prévenu le chef de l’OMS, accusant certains pays riches d’être “très en retard” pour le partage d’informations sur l’épidémie, et réclamant une plus grande solidarité internationale.

La Chine coupée du monde

La Chine, elle, continue de muscler ses mesures : plusieurs agglomérations de la province du Zhejiang (est), à des centaines de kilomètres de Wuhan, ont mis en œuvre depuis mardi 4 février de nouvelles restrictions aux déplacements.

Ainsi, à Hangzhou (plus de 200 cas rapportés), une métropole économique et touristique à environ 150 kilomètres de Shanghai, des barrières de couleur verte bloquaient le 5 février les avenues menant au siège du géant chinois du commerce en ligne Alibaba. Les rues étaient désertes, tandis qu’un avion militaire tournoyait dans le ciel. Des haut-parleurs hurlaient : “S’il vous plaît, ne sortez pas, ne sortez pas !”, avant d’appeler à dénoncer les personnes originaires du Hubei.

Des haut-parleurs hurlaient : “S’il vous plaît, ne sortez pas, ne sortez pas !”, avant d’appeler à dénoncer les personnes originaires du Hubei

Le siège d’Alibaba se situe dans l’un des trois arrondissements de la ville où une seule personne par foyer est dorénavant autorisée à sortir tous les deux jours. Trois millions d’habitants sont concernés. Au moins trois autres grandes villes du Zhejiang — Taizhou, Wenzhou et Ningbo — ont imposé ce type de restrictions à quelque 18 millions de personnes. Des mesures de confinement s’étendaient le 5 février à des villes d’autres provinces, jusqu’aux lointaines régions industrielles du nord-est.

Dans le Henan, province limitrophe du Hubei, la municipalité de Zhumadian a ordonné qu’une seule personne par foyer soit autorisée à quitter son domicile… une fois tous les cinq jours, tout en promettant des primes en cas de dénonciation de personnes venues du Hubei.

Des dispositifs pour mieux lutter

Pour la première fois, le gouvernement chinois a admis en début de semaine “des défaillances” dans sa réaction à la crise sanitaire, réclamant une amélioration des dispositifs d’urgence. Face à un système de santé débordé, Wuhan a accueilli le 4 février ses premiers malades dans un nouvel hôpital construit en dix jours et qui compte 1.000 lits. Un second de ce type devrait ouvrir dans les prochains jours.

L’OMS, qui avait déclaré la semaine dernière une “urgence de santé publique internationale”, a cependant estimé qu’il n’y avait pas pour l’heure de “pandémie

Ailleurs dans la ville, un centre culturel, un centre d’exposition et un gymnase ont été convertis en cliniques improvisées totalisant quelque 3.400 lits. Et, signe que les besoins restent immenses, huit autres bâtiments devraient être également transformés pour accueillir des malades, indiquait le 5 février la presse d’État.

L’OMS, qui avait déclaré la semaine dernière une “urgence de santé publique internationale”, a cependant estimé le 4 février qu’il n’y avait pas pour l’heure de “pandémie” (situation de propagation mondiale d’une maladie). En Chine continentale, le bilan dépasse largement le nombre de morts enregistré lors de l’épidémie du Sras (349 décès) en 2002-2003. Mais les autorités sanitaires ont noté que le taux de mortalité du nouveau coronavirus était de 2,1 %, les victimes étant soit très âgées ou atteintes de complications médicales préexistantes. À l’inverse, le Sras tuait presque 10 % des patients.

Répercussions internationales

Avec pour l’instant un seul décès, Hong Kong reste loin du lourd bilan enregistré lors du Sras (299 morts) sur son territoire. Pour autant, les autorités hongkongaises ont fermé la quasi-totalité des postes-frontière avec le reste de la Chine.

Hors de Chine, la pneumonie a provoqué un seul décès jusqu’à présent, rendu public le 2 février : un Chinois arrivé aux Philippines en provenance de Wuhan

Les compagnies aériennes américaines United et American Airlines ont annoncé le 5 février suspendre leurs vols vers Hong Kong, après avoir cessé leur desserte de la Chine continentale. De leur côté, les autorités japonaises ont bloqué plus de 3.700 personnes voyageant sur un bateau de croisière, où au moins dix personnes ont été contaminées par le virus.

Hors de Chine, la pneumonie a provoqué un seul décès jusqu’à présent, rendu public le 2 février : un Chinois arrivé aux Philippines en provenance de Wuhan. Pour autant, Singapour, la Malaisie et la Thaïlande ont fait état de nouvelles contaminations sur leur sol, et un premier malade a été signalé à Bruxelles parmi quelque 250 personnes rapatriées dimanche de Wuhan. Paralysée par les restrictions et quasi coupée du monde, l’économie chinoise pourrait être durablement plombée. Les congés du Nouvel An lunaire ont été étendus jusqu’en fin de semaine dans de nombreuses provinces et la plupart des entreprises et usines resteront fermées jusqu’au 9 février au moins.

Les États-Unis ont reconnu qu’il serait difficile pour Pékin de garantir ses achats de produits américains prévus par la récente trêve commerciale entre les deux puissances. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a, elle, engagé le 4 février à Vienne des discussions avec la Russie sur de nouvelles baisses de production pour enrayer l’effondrement des cours du brut face à la forte baisse attendue de la demande mondiale.