Affaibli par ses guerres intestines, le Parti authenticité et modernité (PAM) veut se repositionner sur l’échiquier politique et reprendre du poil de la bête. Surtout après l’échec du parti, à l’instar d’autres formations, à jouer un rôle d’intermédiation dans certains événements, notamment dans le Rif, mais aussi dans d’autres villes ayant connu des contestations sociales.
Le projet de feuille politique, qui sera présenté lors du 4e Congrès le 7 février à El Jadida, souligne que “les tensions sociales récurrentes durant les dernières années constituent une véritable alerte sur les transformations en cours, et traduisent l’élargissement du périmètre des revendications sociales et économiques, qui touchent désormais de larges franges de la société”.
Le PAM reconnaît “le recul de la capacité d’encadrement des institutions traditionnelles, dont les partis et les syndicats”.
Le PJD en prend pour son grade
Le document estime que cette situation est liée, partiellement, à “la politique libérale hégémonique, ayant favorisé certains dysfonctionnements au niveau économique”. À cela s’ajoute “l’exploitation du fondamentalisme religieux pour contrer la dynamique de démocratie et de modernité, dans un contexte marqué par l’affaiblissement de la classe moyenne et la limitation de son impact sur les équilibres sociétaux”.
Le PAM n’hésite pas à attaquer frontalement les mouvements et partis islamistes, particulièrement le Parti de la justice et du développement (PJD). “Les deux gouvernements formés après l’adoption de la Constitution de 2011, particulièrement le parti majoritaire, ont sapé le crédit confiance nécessaire au fonctionnement des institutions, notamment à travers la tergiversation dans la mise en œuvre des orientations stratégiques de l’État”, est-il indiqué.
Le parti qui conduit le gouvernement est également accusé de gaspiller le temps législatif et de se dérober de ses responsabilités en invoquant le prétexte de “l’État profond”.
Contrairement aux affirmations d’Abdellatif Ouahbi, l’un des candidats au secrétariat général du PAM, qui n’a pas fermé la porte à un rapprochement avec le PJD, le projet de feuille politique du parti est on ne peut plus clair sur cette question. En effet, le PAM “se positionne dans le camp démocratique dans sa diversité, face aux tentatives de dénaturation du processus de construction de l’État moderne, que ce soit par la création de tensions communautaires ou par la diffusion de l’idée que la compétition politique met face à face les défenseurs de l’islam et ses détracteurs”, peut-on lire dans le document.
“Tahakkoum”
Au moment où l’un des candidats au secrétariat général promet de “couper le cordon avec l’État”, la feuille politique qui sera présentée au 4e Congrès accuse certaines forces de “faire la promotion d’idées fallacieuses qualifiant le PAM de ‘parti de l’État’ ou de ‘parti hégémonique’ (tahakkoum) pour remettre en cause la légitimité de son existence dans le champ politique”.
D’où l’importance, selon cette formation, de reconstruire son discours politique, “pour être en mesure de mieux exprimer les besoins des populations”. C’est l’une des priorités fixées pour la prochaine étape, parallèlement au “rétablissement des rôles des institutions du parti, en coupant avec la logique de tutelle, pour relancer l’esprit d’initiative qui constitue la base de ce projet politique”.
Un véritable enjeu pour la direction du parti, qui ambitionne de redorer le blason du PAM à moins de deux ans des prochaines élections.