L’un des objectifs stratégiques de cette réforme est que la justice puisse protéger les droits et les libertés, et par conséquent instaurer une politique pénale efficace basée sur l’adoption de peines alternatives à celles privatives de liberté”, a souligné Saâd Eddine El Othmani à l’ouverture du premier Forum africain des administrations pénitentiaires et de réinsertion (PFAAP), organisé sous le thème “Vers une vision commune pour renforcer la coopération Sud-Sud et confronter les défis et contraintes de la gestion des établissements pénitentiaires”.
Organisé par la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion, sous le haut patronage de Mohammed VI, cet événement était animé par trois objectifs majeurs : exposer l’expérience marocaine dans la gestion des affaires pénitentiaires sur les plans de la sécurité et de la réinsertion, unifier la gestion des défis sécuritaires communs aux pays africains et, enfin, promouvoir la modernisation de la gouvernance pénitentiaire à l’échelle continentale.
Selon El Othmani, la gestion de la chose pénitentiaire et son développement s’inscrivent dans le cadre de la dynamique que connaît le Maroc à tous les niveaux, en l’occurrence la réforme du système de justice, qui puise sa référence dans le discours du Trône de 2008.
201 détenus étrangers graciés
Le chef du gouvernement a également indiqué que la politique pénale avait “largement” été modifiée. C’est ainsi qu’il a insisté sur la modification du Code et de la procédure pénale, ainsi que la loi relative à la gestion et au fonctionnement des établissements pénitentiaires. Un cas en droite ligne avec une approche globale qui tient compte des contraintes au niveau des établissements pénitentiaires, notamment le surpeuplement.
Par ailleurs, ce dernier a salué la grâce exceptionnelle accordée par Mohammed VI à 201 détenus africains étrangers condamnés par les différents tribunaux du royaume, dans le cadre de la démarche humaine du Souverain et pour des raisons humanitaires au profit des détenus âgés ou souffrant des maladies. Cette grâce royale constitue un encouragement pour ceux qui ont fait preuve de bonne conduite durant la période d’exécution de leur peine, en respectant les lois et les normes mises en vigueur, a-t-il ajouté.
Sur un autre registre, El Othmani a fait savoir que le respect des droits et de la dignité des détenus et de leurs libertés est devenu une disposition constitutionnelle dans le but de consacrer la culture des droits de l’Homme de manière générale et des détenus en particulier, ainsi que pour lutter contre toute forme de torture et contre les pratiques attentatoires à la dignité de l’Homme.
La réinsertion en question
El Othmani a mis en avant la mise en place d’un système institutionnel national intégré, à sa tête la création de la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR). Un dispositif qui veille à assurer l’ordre et la sécurité au sein des établissements pénitentiaires, en protégeant la dignité des détenus et en améliorant les conditions des établissements pénitentiaires. Il est également attendu d’adopter des mesures professionnelles rigoureuses et strictes pour travailler dans ces établissements.
Par ailleurs, le chef du gouvernement a mis en avant la création de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus, laquelle s’acquitte de multiples missions, conformément à une approche participative avec la DGAPR, les départements gouvernementaux et non gouvernementaux concernés par la chose pénitentiaire.
Suffisant, d’après le chef du gouvernement, pour réunir les conditions appropriées à une intégration effective des détenus après leur libération, conformément aux conventions internationales et à la législation nationale.
El Othmani a affirmé que le gouvernement veillait à associer les détenus à l’ensemble de ses programmes et politiques publiques, notamment en ce qui concerne la protection sociale, la promotion des droits des catégories vulnérables à travers notamment la protection des personnes âgées et des personnes à besoins spécifiques, la lutte contre la violence et la discrimination à l’égard des femmes, outre la protection des enfants, des mineurs, des immigrés, des réfugiés et des personnes en situation difficile.
Prévention contre la radicalisation
Pour sa part, Lisa Letschert, représentante de la direction exécutive de l’ONU du comité contre le terrorisme, a affirmé que les efforts de lutte contre la radicalisation menant au terrorisme devaient être en conformité avec la légalité internationale et les principes des droits de l’Homme, ajoutant que les conditions d’incarcération devaient respecter la dignité et les droits des détenus.
Elle a aussi mis l’accent sur l’importance du rôle que les établissements pénitentiaires sont appelés à jouer en matière de prévention contre la radicalisation et la lutte contre le terrorisme, appelant à accorder plus d’intérêt à la question de la réinsertion des détenus.
(avec MAP)