Le roi Mohammed VI s’est entretenu, jeudi 23 janvier, avec Hamad ben Issa al-Khalifa, roi du Bahreïn, informe l’agence MAP. Une rencontre qui intervient quelques jours seulement après un autre entretien informel du roi marocain, lundi 20 janvier, avec le prince héritier émirati Mohammed ben Zayed (MBZ). Deux entrevues qui ont de commun de se tenir au Maroc, en dehors de tout protocole officiel, tant les deux chefs d’État du Golfe persique étaient en visite privée dans le royaume.
La veille, le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, rencontrait son homologue bahreïni Khalid ben Ahmed al-Khalifah. Prévue dans le cadre de la concertation et des consultations permanentes entre les deux royaumes concernant les questions bilatérales et régionales, l’entrevue a été l’occasion d’accorder les violons sur les vues partagées concernant un contexte régional incertain.
L’occasion pour le ministre bahreïni d’afficher sa position “solide et claire”, en conférence de presse, en faveur du camp marocain sur le dossier du Sahara, “une partie intégrante du Maroc”. Le ministre bahreïni a également indiqué que le Maroc avait toujours eu une position “fraternelle et sincère” de soutien aux pays arabes. Un “rôle historique hautement apprécié” par le royaume bahreïni, dans la préservation de la paix et de la stabilité en Afrique.
Un parfum de Libye
Le petit État du Golfe avait accueilli, en juin dernier, la conférence de Manama présentant le volet économique du plan de résolution de paix au Proche-Orient proposé par l’administration américaine. Un sommet auquel le Maroc avait finalement participé, après plusieurs temps d’incertitude.
La question libyenne, premier camouflet de la diplomatie marocaine en ce début d’année 2020, a également été au centre des discussions. Suffisant pour le patron de la diplomatie étrangère du Bahreïn pour rappeler le rôle joué par le Maroc en 2015, à l’occasion des accords de Skhirat. Sans toutefois explicitement désigner l’événement : “Ce rôle appréciable du Maroc a permis à certains États d’être épargnés par le terrorisme et l’anarchie.” Un point salué par Nasser Bourita, tenant à remercier le Bahreïn “pour ses positions constantes soutenant toutes les questions concernant le Maroc”.
Vexé de ne pas faire partie du tour de table du sommet de Berlin, conférence internationale sur la Libye, le Maroc avait ouvertement fait part de son “profond étonnement”, tant il s’estime “toujours à l’avant-garde des efforts internationaux pour la résolution de la crise libyenne”. Le Maroc met en avant son implication dans les accords de Skhirat, considérés par une partie de la communauté internationale comme le seul cadre viable à une solution politique pour régler l’après-Kadhafi, alors que les ingérences étrangères ne cessent de se manifester dans le bourbier libyen.
Par ces rencontres sur deux échelles, le Maroc semble ferrailler plus que jamais pour retrouver une crédibilité sur le dossier. Aux communications du ministère des Affaires étrangères, on semble jouer l’apaisement et la sérénité à plus haut niveau.
Les thématiques abordées lors des deux entrevues de Mohammed VI n’ont fait l’objet d’aucun élément de communication. En début de semaine déjà, le souverain avait rendu visite à “MBZ” dans son palais marocain, non loin de Rabat, alors que ce dernier y faisait escale quelques heures après avoir assisté à la conférence internationale berlinoise. Une manière pour le Maroc d’imposer sa volonté de médiation, sans qu’on l’y ait invité ?