Le 11 janvier dernier, le Maroc commémorait la présentation du Manifeste de l’indépendance, rédigé en 1944 par 67 militants du Mouvement nationaliste pour demander la fin du protectorat français. 76 ans après, une nouvelle version du Manifeste est publiée sur les réseaux sociaux, réclamant cette fois un “Maroc en 2020 sans détention politique ni détenus d’opinion”.
Libérer les opinions
“Face à la tension sociale et au blocage politique que vit le Maroc, l’État a eu recours à une approche sécuritaire ferme qui ne s’est pas limitée aux militants des mouvements de contestation à caractère social, mais a concerné aussi des citoyens qui n’ont fait qu’exprimer leurs opinions sur les réseaux sociaux et ont fait l’objet d’interpellations, de poursuites judiciaires et de mandats de recherche”, lit-on dans l’introduction du texte, publié samedi 11 janvier sur la page Facebook du collectif Free Koulchi.
Sortir du climat de peur
Ces agissements montrent, selon les auteurs du manifeste, qu’il y a une volonté de “faire peur” aux citoyens. Entre décembre 2018 et janvier 2020, plusieurs personnes ont été arrêtées, poursuivies ou condamnées pour des délits d’outrage aux corps constitutionnels, à la personne du roi ou encore à des fonctionnaires pendant l’exercice de leurs fonctions. Parmi eux, le célèbre Moul Kaskita, condamné à quatre ans de prison, le rappeur Hamza dit Staline, qui a aussi écopé de quatre ans de prison pour une chanson, ou encore le journaliste et militant Omar Radi, qui est poursuivi pour un tweet jugé critique envers un juge.
“Les signataires du manifeste refusent ces poursuites et estiment qu’elles constituent une grave atteinte aux libertés et droits humains”, explique-t-on, avant d’appeler à la mise en place d’“un mécanisme national des droits humains pour coordonner entre les différentes initiatives et comités de soutien” lancés récemment. L’objectif est notamment de “faire pression pour réformer le Code pénal ainsi que le Code de la presse, conformément aux conventions et textes internationaux”.
En moins de 48 heures, le manifeste a récolté plus de 800 signatures. Nasser Zefzafi, l’un des leaders du Hirak du Rif, Nabila Mounib, secrétaire générale du Parti socialiste unifié (PSU), Omar Balafrej, député de la Fédération de la gauche démocratique (FGD), Khadija Ryadi, membre de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), Karima Nadir, membre du Collectif 490 (Hors-la-loi) ou encore l’historien Maati Monjib font partie des signataires.