Yves Peyrot des Gachons, nouveau directeur de la région Maghreb de PSA, a révélé, dans une interview accordée au site largus.fr, que le groupe va commercialiser un véhicule électrique au Maroc “au premier trimestre 2020” : “Il y a une prise de conscience environnementale au Maroc. L’électrique est une offre légitime, elle trouvera sa clientèle.”
Le pari est risqué : dans le royaume, 82 % des voitures neuves vendues en 2019 étaient équipés d’un moteur diesel, selon l’Association des importateurs de véhicules automobiles montés (AIVAM), et on y comptait seulement 93 véhicules “propres” en circulation en 2018, selon une étude du cabinet Sunergia.
Le dirigeant a admis que le développement de la mobilité durable dans le pays dépendrait “de l’impulsion donnée par les autorités”. En l’occurrence, une politique de décarbonisation incluant des mesures de subvention aux consommateurs et de prime à la casse, ainsi que l’installation de bornes de recharge électrique.
Un réseau de distribution étendu pour contrer Renault
Au Maroc, le grand défi pour PSA va consister à reprendre des parts de marché à Renault, qui domine le classement des ventes. “Avec la nouvelle Peugeot 208 produite à Kénitra, nous visons le leadership du segment”, affirme Yves Peyrot des Gachons, dont la stratégie consiste à développer le réseau de distribution dans le royaume.
“Il mérite plus de capillarité, notamment dans des villes moyennes, indique-t-il. Il y a un travail d’ouvertures d’agences à faire à Larache, à Al Hoceima, à Berkane, etc. Nous devons également rénover des sites, c’est le cas notamment d’un nouveau concept store à Rabat, qui propose une expérience très digitale, tandis qu’à Casablanca, trois nouveaux superbes showrooms vont ouvrir au début de l’année prochaine.”
Revenant sur l’ouverture à Kénitra en juin dernier de l’usine PSA qui produira 200 000 208 par an à partir de 2021, le directeur régional a expliqué que le choix de s’implanter dans le royaume s’était d’abord fondé sur “la forte volonté des autorités marocaines de développer l’industrie automobile dans le royaume”.
Bientôt une usine en Algérie
La présence locale de nombreux équipementiers a fini de convaincre PSA qui “était déjà client de ce ‘sourcing’ marocain” avant son déménagement. 29 fournisseurs ont récemment emboîté le pas du groupe, dont le chiffre d’affaires sur le volet “achat d’équipements” avoisine “700 millions d’euros à l’année avec le Maroc”.
Le directeur a par ailleurs confirmé la vocation “entrée de gamme” de la plateforme marocaine, qui est dévolue aux premiers niveaux de finitions, tandis que l’usine de Trnava (Slovaquie), qui fabrique également des 208, se charge du niveau le plus élevé, ainsi que de la version électrique du modèle, la E 208.
PSA ouvrira en 2020 sa première usine en Algérie, où la marque Peugeot est très populaire. Selon Yves Peyrot des Gachons, cette délocalisation se justifie par le fait que “les autorités (algériennes) ont décidé de promouvoir la production locale et donc de fermer l’importation de véhicules déjà assemblés. À ce titre, il était naturel que PSA s’implante en Algérie pour continuer de satisfaire ses clients algériens”.