Le Conseil économique, social et environnemental (CESE), présidé par Ahmed Réda Chami qui est également membre de la commission spéciale menée par Chakib Benmoussa, a livré ses propositions pour un nouveau modèle de développement. Le rapport rendu public jeudi 26 décembre, énumère neuf choix “pour recréer la confiance et faire du Maroc un pays solidaire et prospère pour tous ses citoyens”.
Pour le CESE, le nouveau modèle de développement doit être “le résultat de l’identification, du partage et de la mise en œuvre participative et volontariste de nouveaux grands choix qui permettront d’adresser les faiblesses”.
Renforcer le secteur public et libérer l’économie
L’individu doit être au centre du développement. Pour ce faire, la garantie d’un service public de qualité “à la disposition de tous, sans discrimination aucune”, constitue une priorité.
Le conseil consultatif propose une réforme du système de l’éducation et de la formation, qui mettrait l’apprenant au cœur du secteur. Renforcement des capacités, responsabilisation et motivation des acteurs, telles sont les injonctions que formule le rapport pour “former un citoyen acteur du progrès économique et social”. L’amélioration du secteur public, proposition majeure du conseil, contribuerait à adresser l’enjeu de la cherté du coût de la vie. Selon le CESE, les Marocains pourraient en effet, grâce à un service public performant, “économiser en dépenses de scolarisation dans les établissements privés, de santé et de logement”.
“Libérer les énergies veut dire également libérer l’initiative économique”, lit-on dans le rapport du CESE. L’instance alerte quant à l’existence d’entraves “légales et illégales” qui empêchent les entreprises de s’épanouir, et le tissu entrepreneurial de se densifier. Selon le conseil présidé par Ahmed Réda Chami, il est primordial d’envisager la “réallocation des ressources et la concentration des énergies vers un investissement productif”.
Le CESE estime également que l’agriculture est appelée à accélérer sa modernisation, à amorcer sa digitalisation et à développer la valorisation de ses produits “à travers un tissu agro-industriel compétitif”. La transformation industrielle passe également, d’après le conseil, par les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME). Ce dernier recommande le lancement d’un programme intensif visant à faire émerger 30 000 petites et moyennes entreprises (PME) sur une durée de cinq ans.
Travail des femmes et ruralité
Afin de concrétiser l’ambition de développement, un changement du statut des femmes dans la société s’avère primordial. L’instance appelle à instaurer un cadre institutionnel et juridique garantissant l’effectivité de l’égalité entre les femmes et les hommes, à leur assurer des conditions d’accès au travail rémunéré, en vue de faire émerger “de nouvelles représentations sociales des femmes financièrement autonomes”.
Le CESE consacre également un large pan de son rapport au monde rural. La ruralité de demain doit être “intégrée, valorisée, attractive et connectée”. Pour ce faire, le conseil appelle à inscrire le monde rural dans les politiques d’aménagement du territoire, en plus de multiplier la création d’opportunités à travers le développement de nouveaux secteurs pourvoyeurs d’emplois.
Organiser la solidarité et restaurer la confiance
Réduire les inégalités passe par un système de solidarité organisé. La couverture maladie universelle, la réorganisation du système de soins, le développement du partenariat public-privé, l’accès à la justice pour tous, la réduction des délais des procès et l’accélération de l’exécution des jugements… nombreuses sont les mesures proposées par le CESE visant à concrétiser la vision d’un système solidaire.
Selon le CESE, la performance de la gouvernance institutionnelle influe directement sur la crédibilité des différentes instances constitutionnelles auprès des citoyens. Le conseil appelle en ce sens à la réalisation d’objectifs stratégiques, dont la continuité de la mise en œuvre des politiques publiques, l’efficience de l’action publique, ainsi que l’évaluation de celle-ci.
L’accès à l’information constitue également une des priorités du conseil qui conseille d’ouvrir l’accès aux données publiques pour consacrer le droit citoyen de l’accès à l’information.