Kamil, 39 ans et Safaa, 29 ans, un enfant, à Ottawa depuis 2 ans
Revenu du foyer au Maroc: 60.000 dirhams par mois
Revenu du foyer à Ottawa: 6500 dollars canadiens (47.000 dirhams)
Au Maroc, il était: sales manager Maghreb pour une multinationale dans la grande distribution.
Au Canada il est: directeur commercial location en ligne pour des propriétés (chalets, condos) de vacances à court terme.
Au Maroc, elle était: responsable souscription chez un grand courtier en assurances.
Au Canada elle est: gestionnaire paie dans une ONG.
Les raisons du départ
“Tout le monde autour de moi pense à partir, mais par réflexe on pense en premier aux pays européens. Or, vu le racisme ambiant en France, je ne m’y suis pas intéressé plus que ça. En plus, les opportunités de travail manquent en France et les choix proposés sont médiocres. Avec ma femme, nous avons reçu une claque quand nous sommes partis aux Etats-Unis en 2014. J’ai adoré l’“American way of life”, mais je n’étais pas fan de leur système politique. Le Canada était le meilleur compromis, c’était comme le petit frère des Etats-Unis, mais avec un filet social intéressant.”
Les enfants
“Nous n’avions pas l’intention d’avoir des enfants au Maroc car ce n’est pas sain pour eux. Tous mes amis étaient déjà parents, je mesurais leur douleur. Ils ne vivaient plus, ils étaient esclaves de leur boulot, oubliant leur propre intérêt, courant pour récupérer les enfants, essayant à grande peine de gérer leur vie familiale. Totalement divisés entre le travail et les gamins.”
La cherté de la vie et la peur de la précarité
“Je me disais, aujourd’hui, je gagne 50.000 dirhams par mois, tout va bien, mais le jour où je perds mon boulot, tout le château de cartes s’écroule”
“La vie au Maroc devenait extrêmement chère, l’école, les soins de santé… Une simple petite balade s’avère onéreuse. Pas de parc, pas de source de divertissement, rien. Il faut payer pour tout. Ensuite, il y avait ce sentiment lancinant de la précarité. Je me disais, aujourd’hui, je gagne 50.000 dirhams par mois, tout va bien, mais le jour où je perds mon boulot, tout le château de cartes s’écroule. Pour les familles riches ou pour ceux qui disposent d’une épargne conséquente, le problème ne se pose pas. Mais pour la classe moyenne supérieure dont je faisais partie, c’est difficile.
Nous vivions une vie à crédit. Le jour où on te vire ou que tu te retrouves subitement en situation de handicap suite à un accident de la route, tu tombes systématiquement dans la précarité, vu l’inexistence de filets de sécurité. Etre obligé d’inscrire ses enfants dans une école publique, quel cauchemar! De plus, au Maroc, on est toujours sur le qui-vive en raison de l’insécurité ambiante. L’espace public est infréquentable, sans parler des transports publics. Cela en faisait trop.”
Le premier salaire
“Mon premier salaire était naturellement inférieur à ce que je touchais au Maroc. En combinant mes revenus et ceux de ma femme, nous tournions à peu près à 60.000 dirhams. Ici, il nous a fallu six mois pour retrouver à peu près le même niveau de revenus. Au début, tu postules pour des emplois en “entry level” (junior), mais les salaires sont quand même intéressants même à un faible niveau de responsabilité. Très vite, eu égard à mon expérience, on m’a offert un poste en “mid-level” (encadrement moyen). Ma femme est toujours en “entry level”, mais on se débrouille bien à deux.”
Pouvoir d’achat
“Etonnamment, notre pouvoir d’achat est supérieur à Ottawa”
“Etonnamment, notre pouvoir d’achat est supérieur à Ottawa. Déjà, lorsqu’une famille marocaine s’installe ici, elle se libère automatiquement des dépenses d’éducation. En outre, les dépenses de divertissements sont proches de zéro. Partout les parcs, les patinoires, les piscines chauffées pullulent et sont gratuits. Le transport scolaire est également gratuit. Les loyers ne sont pas donnés, je paie dans les environs de 1200 dollars par mois (8700 dirhams), mais quand on pense à tout ce que j’épargne par ailleurs, ce poste de dépense paraît très gérable.”
Confort de travail
“Quand ma femme a accouché, je suis revenu travailler trois jours plus tard. Mon boss m’a alors lancé: ‘Tu fous le camp tout de suite, tu prends deux semaines non comptabilisées sur ton congé’”
“Je quitte le boulot à 17 heures. J’ai alors tout le loisir de passer du temps avec mes enfants, de sortir, de me cultiver. Ici, même les patrons ne font pas d’heures supplémentaires. Le boss est le premier dans l’ascenseur dès qu’arrive le moment de quitter le bureau. Les Canadiens se sont rendu compte que c’était bénéfique pour la productivité de faire ses heures et pas une minute de plus. Quand ma femme a accouché, je suis revenu travailler trois jours plus tard. Mon boss m’a alors lancé: ‘Tu fous le camp tout de suite, tu prends deux semaines non comptabilisées sur ton congé.’”
Omar, 42 ans et Malika, 35 ans, 2 filles de 11 et 6 ans, à Ottawa depuis 6 mois
Revenu du foyer au Maroc: 50.000 dirhams
Revenu du foyer au Canada: 3500 dollars canadiens (25.300 dirhams)
Au Maroc il était: patron d’un cabinet de courtage dans l’immobilier d’entreprises.
Au Canada il est: analyste de crédit dans une banque.
Au Maroc elle était: responsable pédagogique dans une école primaire privée.
Au Canada elle a repris ses études à l’université d’Ottawa.
Les raisons du départ
“Au Maroc, en tant qu’entrepreneur depuis dix ans, j’en ai vu des vertes et surtout des pas mûres”
“Au Maroc, en tant qu’entrepreneur depuis dix ans, j’en ai vu des vertes et surtout des pas mûres. Tu es toujours en stress de trésorerie. On se dit pourquoi on fait tout ça? Je cours pour payer mes collaborateurs et couvrir mes charges, les clients ne te paient jamais à temps, même les gros. Au bout du compte, à cinquante ans, tu te mets à réfléchir à ta CNSS, et si tu ne fais rien, tu finiras retraité à 4200 dirhams par mois. Si tu as du personnel, tu travailles pour ton personnel, pour tes charges, mais jamais pour t’épanouir ou te constituer une bonne retraite. Si tu veux voyager, il faut sacrifier un fournisseur.
“Il y a surtout le fait que tu as peur pour tes enfants. J’ai des filles de 11 et 6 ans. On les éduque d’une certaine manière à la maison et elles découvrent un autre monde quand elles sortent”
Il y a surtout le fait que tu as peur pour tes enfants. J’ai des filles de 11 et 6 ans. Je ne sais pas si je peux faire confiance à la société marocaine les concernant. On les éduque d’une certaine manière à la maison et elles découvrent un autre monde quand elles sortent. Je ne vois pas la cohérence entre les deux univers. Au Maroc, l’espace public est un espace de violence dans toutes ses formes, des paroles salaces, des horreurs, des équipements publics en décrépitude… Du coup, tu te crées ta propre oasis.
C’est un peu de notre faute. C’est comme si tu les handicapais, que tu les plaçais dans un endroit où elles vont se faire dévorer. Les filles adorent le Canada, elles se font des copines. Le jour d’Halloween, nous avons fait cinquante maisons. Tout le monde donne des bonbons. Les enfants sont rentrés avec plus de 300 friandises. Ici, il y a de la chaleur dans le froid. Cette peur pour tes enfants qui te dévore le ventre au Maroc, ici elle disparaît net.”
Pouvoir d’achat
“Après trois mois et grâce à deux boulots, je parviens à couvrir mes charges. Ma femme a repris ses études à l’université d’Ottawa. Au-delà d’une bourse d’étude, elle bénéficie d’indemnités lui permettant de vivre. A nous deux, nous parvenons à parer aux dépenses quotidiennes. Il faut être ouvert d’esprit, ne pas se faire d’illusion, et se dire ‘Je vais tirer une croix sur mes vingt ans d’expérience, je vais recommencer à zéro’.
Cela dit, les évolutions sont rapides dès lors que tu démontres tes compétences. Le bilinguisme est très apprécié. Notre loyer est relativement cher, l’équivalent de 17.000 dirhams pour un F3. Mais bon, il y a des endroits à Casablanca où ça coûte autant, si tu mets en balance tout ce que tu as en parallèle ici.
“Le premier jour, j’ai été choqué car on ne me demandait même pas de payer les fournitures scolaires”
Pour mon loyer, j’ai un appartement meublé, l’électricité, le gaz, le chauffage et Internet illimité. Je ne paie pas l’école des enfants. Le premier jour, j’ai été choqué car on ne me demandait même pas de payer les fournitures scolaires. Même le transport scolaire est gratuit, ils te préviennent deux heures à l’avance s’il y a une tempête de neige que l’école ferme ses portes ce jour-là.”
Procédure et entrée express
“Je suis passé par le cabinet New Life. La procédure m’a coûté 65.000 dirhams. 3000 dirhams pour le test de français, 3000 pour le test d’anglais, 3000 pour la visite médicale. Le reste, ce sont des “fees” qu’on règle au gouvernement fédéral.
J’ai bénéficié d’un programme fédéral intitulé “l’entrée express”. Ce mécanisme est censé attirer les travailleurs qualifiés. Il faut justifier d’une maîtrise des langues officielles du Canada, avoir de bons diplômes, une expérience professionnelle. Il faut en outre disposer d’une épargne équivalant à six mois de ressources pour se prendre en charge en attendant de trouver du boulot. Avec ma femme et mes deux filles, nous sommes partis à l’aventure.”
Enfants
“Mes filles arrivent à l’école à 9 heures du matin et en sortent à 16 heures. Elles n’ont pas de devoirs à faire à la maison. Elles travaillent surtout sur des projets via un compte Google de l’école et on les fait beaucoup lire. Par exemple, mes filles sont tenues de lire jusqu’à un livre par semaine. Les perspectives pour les enfants sont excellentes.”
Confort de travail
« A 16 heures tout le monde sort. Ce n’est pas mal vu de sortir à l’heure parce qu’une fois que ton boulot est fait. On est devant une autre mentalité”
“Très peu de gens font des heures supplémentaires. A 16 heures tout le monde sort. Ce n’est pas mal vu de sortir à l’heure parce qu’une fois que ton boulot est fait, il n’y a plus de raison de rester plus longtemps. On est devant une autre mentalité. Ils te disent “j’ai besoin que tu sois productif pendant les heures ouvrables, après tu sors profiter de la vie.”
Santé
“Chaque famille a un médecin de référence. C’est lui qui t’enverra vers un spécialiste. Tous les actes sont remboursés sur le mode tiers payant. Mais les médicaments son payants, hormis pour les maladies chroniques, qui sont couvertes. Au Maroc, c’est ta poche qui parle. Nous avons de bons médecins certes, mais est-ce que tu vas croiser le bon médecin, est-ce que ton assurance est suffisamment bonne ? Bref, trop d’incertitude.”
Leila, 36 ans, employée dans une mutuelle privée, mari cadre bancaire, en procédure d’émigration
Revenu du foyer: 51.000 dirhams avec 3 enfants (12, 8 et 5 ans)
Les raisons du départ
“La première motivation de notre futur départ est la scolarité de nos enfants. Ici, les frais ne cessent d’augmenter, alors que la qualité suit une courbe inverse. La partie loisirs et divertissements des enfants commence à peser lourdement sur notre budget. La logistique est de surcroît compliquée car les écoles n’offrent pas ce type de prestations. Il faut se déplacer, récupérer les enfants de l’école et les emmener aux centres de loisirs, attendre qu’ils finissent… C’est dur à gérer quand on a trois enfants.
L’incivisme explique aussi pourquoi nous avons enclenché la procédure d’émigration. Nous investissons beaucoup d’énergie pour offrir à nos enfants une meilleure éducation. Hélas, une fois dehors, ils sont confrontés à l’inverse. La sécurité est également un point d’interrogation: notre fille a 12 ans et sa sécurité nous préoccupe énormément.
Les perspectives d’emploi, à moyen et long termes, motivent aussi notre volonté d’émigration. Nous connaissons des familles et des collègues qui ont investi dans la scolarité de leurs enfants dans de grandes écoles, comme Al Akhawayn ou l’Université internationale de Casablanca (UIC). Mais ces enfants doivent se contenter de contrats à durée déterminée de l’ANAPEC. Il n’y a pas un véritable retour sur investissement.”
Un avenir incertain
“Le pouvoir d’achat entre en ligne de compte. Nous avons une situation stable, mais il est difficile de la maintenir sachant qu’un quart de notre budget est consacré à l’éducation de nos enfants. Une expérience récente a remis en cause ma certitude d’avoir la stabilité de l’emploi. J’avais un conflit au travail avec mon employeur qui me harcelait moralement, j’ai donc fait appel à un avocat pour connaître ma situation vis-à-vis du Code du travail. Je me suis rendu compte que rien ne me protégeait vraiment.
“Je n’ai aucune sécurité: du jour au lendemain, les enfants devront quitter l’école privée, la traite de la maison ne sera pas payée, etc.”
J’ai plus de 35 ans, il me sera difficile de retrouver un emploi correspondant à mes compétences et mon expérience si je me fais licencier. Je n’ai aucune sécurité: du jour au lendemain, les enfants devront quitter l’école privée, la traite de la maison ne sera pas payée, etc. Quitter nos proches va se faire dans la douleur certes, mais notre pays ne nous offre plus de raisons de rester. Nous ne sommes plus sereins au Maroc.”
Mohamed, 42 ans et Rania, 38 ans, à Ottawa depuis 3 mois
Revenu du foyer au Maroc: entre 70.000 et 80.000 dirhams par mois
Revenu du foyer au Canada: 3300 dollars canadiens (23.900 dirhams)
Au Maroc il était: chef d’entreprise opérant dans l’immobilier
Au Canada, il est: employé de banque
Au Maroc elle était: directrice des ressources humaines dans une multinationale
Au Canada elle est: professeure de français à temps partiel
La raison du départ
“Je fais partie de cette génération qui était convaincue que le Maroc allait se développer rapidement. Sauf que je me suis retrouvé membre d’une classe moyenne asphyxiée par les impôts, les crédits, l’éducation des enfants, etc.”
“Je fais partie de cette génération qui était convaincue que le Maroc allait se développer rapidement. Sauf que je me suis retrouvé membre d’une classe moyenne asphyxiée par les impôts, les crédits, l’éducation des enfants, les frais de santé, etc. Il y a à peu près deux ans, le quotidien est devenu morose: les histoires d’agressions dans notre environnement se multipliaient, nous avons remarqué que les enfants étaient devenus complètement démotivés en allant à l’école, nous nous sommes rendus compte que leur santé était cher payée. Même sur le plan professionnel, je me suis trouvé à passer le clair de mon temps à faire du recouvrement auprès des clients.”
La procédure
“En juin dernier, nous avons entamé la procédure en contactant un conseiller en immigration de la place, et, sans exagérer, j’avais l’impression après cela que tout Casablanca cherchait à émigrer au Canada”
“Il y a deux ans, mon épouse et moi avons commencé à discuter de notre avenir, et principalement de celui des enfants. En juin dernier, nous avons entamé la procédure en contactant un conseiller en immigration de la place, et, sans exagérer, j’avais l’impression après cela que tout Casablanca cherchait à émigrer au Canada. Nous avons opté pour la formule “entrée express”, et choisi l’Ontario au vu des possibilités d’éducation qu’offrait Ottawa ainsi que des opportunités d’emploi.
Un autre facteur déterminant était la taille de la ville, relativement petite comparé à Toronto et Vancouver, mais aussi sa “proximité” – en termes d’heures de vol – avec le Maroc. En tout et pour tout, la procédure nous aura coûté dans les 46.000 dirhams.”
Déclassement
“Heureusement, dès nos premières semaines ici, nous nous sommes aperçus qu’on peut grimper l’échelle sociale rapidement si on fournit les efforts nécessaires, comme on peut temporiser et faire sa vie tranquillement. Aujourd’hui, nous vivons dans un appartement meublé de trois chambres pour un loyer de 2000 dollars canadiens par mois (14.500 dirhams), tous frais compris. Ce n’est pas excessif par rapport aux loyers haut-standing de cette taille à Casablanca.
“Les enfants semblent parfaitement intégrés, ils se sont épanouis. Nous avons fait tout ça pour leur bien-être. Sinon, à quoi bon émigrer?”
Je suis allé comme Monsieur tout le monde déposer mon dossier chez le conseiller en emploi, et j’ai décroché un travail dans une banque. Ce n’est pas mon domaine, mais je peux payer le loyer et quelques dépenses quotidiennes. Les enfants semblent parfaitement intégrés à l’école. Mieux, ils se sont épanouis. Nous avons fait tout ça pour leur bien-être. Sinon, à quoi bon émigrer?”
Mehdi, 37 ans, et Leila, au Canada depuis 18 mois
Revenus au Maroc et au Canada: non communiqués
Au Maroc il était: cadre chez un opérateur industriel
Au Canada : employé de banque
Au Maroc elle était: cadre dans une multinationale de services
Au Canada: responsable communication
Les raisons du départ
“Nous souhaitions simplement, à l’époque, avoir en main, dans le futur, cette possibilité de quitter le Maroc si on le souhaitait”
“Ma femme est moi vivons au Québec depuis 18 mois. J’étais cadre chez un opérateur industriel d’envergure et mon épouse était cadre dans une entreprise multinationale de services. Sans rentrer dans les chiffres, je peux dire que nous avions un niveau de vie confortable, sans être aisé. Il n’y avait pas chez nous de volonté ferme de quitter le Maroc. En fait, nous avions initié cette procédure quelques années avant l’obtention du visa, il n’y avait pas vraiment d’urgence ou envie véritable de partir. Nous souhaitions simplement, à l’époque, avoir en main, dans le futur, cette possibilité de quitter le Maroc si on le souhaitait. Nous sommes passés par un cabinet d’émigration à Casablanca, mais par la voie régulière –qui prend bien plus de temps- et non par la voie express.”
Les craintes
“Nous avions, ma femme et moi, peur de regretter notre choix. Les cinq ou six mois avant le départ étaient vraiment difficiles et marqués par beaucoup de doutes et d’hésitations. Quand on a ce visa entre les mains, on commence à se projeter dans des situations imaginaires. Par exemple, se dire que si on reste et qu’on tombe gravement malade, ça aurait été plus judicieux de partir. Et inversement, si on part et qu’on est condamné à ne pas trouver de travail satisfaisant, se mordre les doigts en pensant au confort qu’on a laissé derrière nous, et ainsi de suite. Par contre, une fois que l’avion a décollé de l’aéroport de Casablanca, il n’y avait plus vraiment de crainte.”
Satisfaction et intégration
“Il y a aussi beaucoup d’offres en CDD de 3 à 12 mois, ce qui peut être intéressant pour rapidement justifier d’une expérience locale, qui est souvent implicitement demandée”
“Après plus d’un an et demi, sommes-nous entièrement intégrés? Je ne pense pas, il faudra plus d’années pour ça. Dans mon cas, je n’ai pas commencé à chercher du travail dès mon arrivée. Lorsque j’ai commencé les démarches, ça m’a pris autour de deux mois pour trouver un boulot. Le domaine d’activité est à prendre en compte. Il y a aussi un équilibre à faire entre ce qu’on veut et ce qu’on est prêt à accepter. Il était essentiel pour moi de trouver un CDI dans mon domaine, même à un niveau de responsabilité inférieur, donc j’ai attendu le temps qu’il fallait. Il y a aussi beaucoup d’offres en CDD de 3 à 12 mois, ce qui peut être intéressant pour rapidement justifier d’une expérience locale, qui est souvent implicitement demandée.”
Déclassement
“Il ne faut pas arriver ici avec une vision à court terme et vouloir retrouver le même niveau de confort immédiatement. Je dirais qu’il faut deux bonnes années ou même un peu plus”
“Évidemment, si on compare notre situation aujourd’hui avec celle que nous avions au Maroc, on peut se dire que les entreprises pour lesquelles nous travaillons ma femme et moi sont moins prestigieuses et qu’on n’a pas autant de responsabilités. Mais il ne faut pas arriver ici avec une vision à court terme et vouloir retrouver le même niveau de confort immédiatement. Je dirais qu’il faut deux bonnes années ou même un peu plus, le temps d’acquérir une expérience locale, éventuellement faire des études en parallèle et développer un réseau. C’est après tout cela qu’il faut faire un premier bilan. Enfin, il est important de souligner que ce qu’on pourrait momentanément perdre en termes d’avantages individuels est compensé par des gains, notamment pour ce qui est relatif à la santé, l’éducation, les infrastructures et les loisirs.”