Il y a des moments clés où il faut parler ou rendre les clés. Le service d’un monarque et le souci du patriotisme consistent à dire, à ne pas se taire, à taper sur la table quand l’intérêt suprême de l’État l’exige” déclare le sociologue et écrivain Mohamed Ennaji, contacté par TelQuel.
Puis d’interpeler : “Vous grands de l’Etat, vous hauts cadres, vous tous autant que vous êtes, gens qui avez encore vos têtes sur les épaules, je veux bien le croire, savez que ce qui vient de se passer dans ce procès d’une journaliste plutôt sympathique et naïve, est non seulement injuste mais inadmissible, inacceptable au vu de la crédibilité, de la cohérence interne d’un Etat sans même parler de l’international. Vous n’avez pas le droit de vous taire, au risque de vous retrouver, demain, complices d’une telle infamie qui ne cadre aucunement avec les préoccupations personnelles d’un monarque soucieux des droits de l’Homme. Vous risquez de vous retrouver en piteux état d’individus sans le moindre souci d’honneur, préoccupés par leur seule fiche de paie.”
Et de poursuivre : “Il est fortement symbolique que ce jugement d’une journaliste innocente soit prononcé à un moment où le souverain est malade. Je ne veux pas croire au hasard, mais cette ‘absence’ du souverain alité me préoccupe étrangement. Laisserait-elle le champ libre aux prédateurs forcenés qui ne penseraient, soi-disant pour le protéger, qu’en termes de défis répressifs et non en termes de stratégie d’un Etat pluriséculaire ? C’est grave, il nous faut l’avouer ! En gardant le silence, vous ne servez pas le monarque ni la monarchie, encore moins le pays, vous le desservez aux yeux du monde entier.”