Certains n’aiment rien tant que servir, d’autres avec quelques poches de résistance. L’un a joué à faire semblant de s’opposer, l’autre a tout cédé. Un seul cependant, avec son engagement pour l’indépendance du pays, sa stature internationale, et l’amitié de Hassan II, a été maintenu au-dessus des autres, jusque dans le cœur du roi,” pointe Aïcha Akalay dans un éditorial qui inaugure ces quatre épisodes.
Lire l’édito d’Aïcha Akalay : Premiers ministres, seconds de cordée
Et c’est précisément avec cet homme que démarre notre série. Premier ministre d’Alternance sous Hassan II, Abderrahmane Youssoufi sera aussi le Premier ministre de transition de Mohammed VI. Mais le jeune monarque veut imposer sa propre vision de la gestion du Maroc. Il le fera en refermant rapidement la parenthèse de l’Alternance.
Lire le premier épisode : 1999-2002 : “À moi le pouvoir !”
“Aujourd’hui, cette expérience (l’Alternance, ndlr) s’est achevée sans qu’elle ait débouché sur ce que nous attendions d’elle, à savoir l’orientation vers la démocratie par les avancées historiques qui constitueraient une coupure avec les pratiques du passé,” conclut un Aderrahmane Youssoufi, évincé et meurtri, dans son célèbre discours de Bruxelles en 2003. Depuis, ces apparitions étaient sporadiques.
Exceptionnellement, à 95 ans, l’ancien Premier ministre se confie à TelQuel sur ses relations avec Hassan II et Mohammed VI. Avec le recul, il s’attache davantage aux symboles qu’aux péripéties et contingences politiques.
Lire notre interview : Abderrahmane Youssoufi : “Nous avons agi avec intégrité, responsabilité et conscience”
Au lieu d’Abderrahmane Youssoufi dont l’USFP est pourtant arrivé en tête des élections, Mohammed VI préfère en effet nommer Driss Jettou. La priorité est aux défis économiques que doit relever le Maroc. Jettou s’acquittera de cette tâche en mettant en œuvre de nombreux chantiers royaux.
Lire le deuxième épisode : 2002-2007 : Un technocrate à la rescousse
Driss Jettou a délivré. À l’issue de son mandat, tous les indicateurs sont verts. Mais il essuie pourtant des reproches pour sa popularité. “Aurait-il fallu qu’il soit honni par tous, et par là même, que le choix du souverain soit décrié ? De ce paradoxe-là, nous ne sommes toujours pas sortis aujourd’hui,” analyse notre éditorialiste.
Lire l’édito d’Aïcha Akalay : Paradoxal système
En 2007, Mohammed VI revient au choix d’un ministre politique, au terme d’un scrutin jugé transparent dont l’Istiqlal sort vainqueur. Abbas El Fassi accompagnera religieusement les politiques sectorielles activées par le Palais. Focalisés sur les grands chantiers, la monarchie et le gouvernement ne voient pas arriver le Mouvement du 20 février qui réclame une nouvelle Constitution plus libérale.
Lire le troisième épisode : 2007-2011 : “Mon programme est celui de Sa Majesté”
2007, c’est aussi l’année où le président du holding royal Siger Mounir Majidi opère une restructuration des investissements royaux. Mohammed VI voit sa fortune multipliée par cinq lors des neuf premières années de son règne.
Lire notre focus : 2007-2011, un business royal florissant
2007, enfin, c’est l’année où Fouad Ali El Himma se fait élire député de Ben Guérir. Considéré comme le numéro 2 du régime, il quitte les arcanes du pouvoir pour se lancer dans la bataille politique. Il veut endiguer la montée du PJD en créant le PAM, conçu au départ pour porter un projet moderniste.
Lire notre focus : PAM : quand El Himma entre en ligne
Cofondateur de la matrice du PAM, le Mouvement pour tous les démocrates, Hassan Benaddi a été dès le début de l’aventure de ce nouveau parti dont il a été le premier secrétaire général. Il revient sur le rôle de Fouad Ali El Himma, la peur de la déferlante PJD et les dérives du PAM.
Lire notre interview : Hassan Benaddi : “Nous avons commis des erreurs dans le leadership”
Puis, le PAM se désagrège. “Un parti marocain moderne proposant une alternative à l’hégémonie islamiste. Sur le papier, oui, pourquoi pas. Mais sur le terrain, on ne combat pas un parti dominant avec une armée d’opportunistes.”
Lire l’éditorial d’Aïcha Akalay : Pif, PAM, pfiou…
Le champ est libre pour les islamistes au lendemain du 20 Février. Une fois à la tête du gouvernement, Mohammed VI gère sans trop d’efforts la cohabitation avec le PJD. Entre un Benkirane trublion et un El Othmani plus effacé, le roi s’est imposé sans avoir à combattre, car le rapport de force reste toujours à son avantage.
Lire le quatrième épisode : 2011-2019 : La cohabitation avec les islamistes
Et pour analyser cette dernière période, entretien avec le coauteur des nouvelles règles du jeu — la Constitution. L’évolution des islamistes, la supposée neutralité du Palais, le degré de maturité de la classe politique, l’article 47, le bilan de Mohammed VI… le politologue Mohamed Tozy livre son analyse sur des sujets plus que jamais d’actualité.
Lire notre interview : Mohamed Tozy : “Dans un bilan de règne, on ne peut pas tout imputer à un roi”
Les quatre numéros de TelQuel consacrés à cette “Série spéciale 20 ans de règne” sont à retrouver en kiosque à partir de la semaine du 5 aout, ensachés ensemble dans une édition collector.
Dès maintenant, retrouvez l’intégralité de cette série sur Telquel.ma en vous abonnant ICI.