Le RNI veut prendre à bras le corps l’épineux dossier de la Santé. Lors d’une conférence organisée le 20 juillet à Rabat par la formation à la colombe, son président, Aziz Akhannouch, a fait part de la détermination de sa formation à “prendre en charge le ministère de la Santé au cours de prochaines années”. Une volonté motivée par le fait que “le système de santé va mal”, explique le patron du RNI qui, pour rappel, a fait partie des deux dernières majorités gouvernementales.
“Les conditions du travail des professionnels de la santé sont imprégnées de beaucoup de problèmes, tant dans le secteur public que privé”, souligne Aziz Akhannouch. L’actuel ministre de l’Agriculture a également rappelé que “d’importants investissements ont été alloués à la construction des hôpitaux dans les régions. Sauf que malgré la volonté de Mohammed VI, il reste beaucoup à faire”.
Pour le chef du parti à la colombe, l’heure est à un “débat avec l’État” afin de hisser le secteur de la Santé à un niveau plus apte à “répondre aux besoins des citoyens”. Akhannouch a ainsi affirmé que sa formation était prête à collaborer avec les professionnels de la Santé pour concevoir son programme destiné au secteur en vue des élections législatives de 2021.
Allô docteurs, c’est pour un constat
Des professionnels de la santé ont justement pris la parole après l’intervention du chef du RNI pour pointer les limites du secteur de la santé marocain. Parmi eux, Nadia Rmili, présidente de l’organisation des professionnels de la santé du RNI, une structure interne créée depuis moins d’un an. Chiffres à l’appui, elle pointe la 124e place du Royaume en termes de densité médicale. Selon l’OM, le Maroc fait partie des 57 pays où la pénurie aiguë en ressources humaines sanitaires se fait le plus ressentir avec 1,5 personnel de santé pour 1.000 habitants.
Un chiffre loin de la moyenne régionale MENA qui est de 4,5 pour 1.000 habitants. Les chiffres du ministère de la Santé font état de 47.364 professionnels dans le secteur public (médecins, dentistes, pharmaciens, sages-femmes et infirmiers), soit un ratio de 7,3 médecins pour 10.000 habitants et 9,2 infirmiers et techniciens de santé pour 10.000 habitants. “C’est pour cela que nous devons travailler”, exhorte Nadia Rmili, encourageant le corps médical présent à “adhérer à l’action politique en tant que professionnels de santé sinon c’est la politique qui fera son œuvre à notre égard”.
Redonner confiance
Invité à prendre la parole, l’ophtalmologue Chahbi Mohamed a pointé le manque de médecins dans le Royaume. Il a notamment insisté sur le fait que “6.000 médecins marocains exercent à l’étranger”. Il appelle à mettre en place des incitations fiscales afin de limiter les départs à l’étranger. Il préconise aussi la création d’une agence nationale pour superviser la formation et l’exercice des médecins.
Othmane El Harmouchi, vice-président de l’organisation des professionnels de la santé du RNI, considère pour sa part que le citoyen est “victime d’une entrave quotidienne pour accéder à la santé”. Pour lui, le principal défi des années à venir est de “redonner confiance” aux Marocains.
La restauration de la confiance passerait par une simplification du système de santé actuel. C’est ce qu’a défendu Said Taoujni, consultant sur les questions de santé au Maroc, pour qui le système de couverture sanitaire universelle est “fort complexe”. “Une quarantaine d’organismes viennent compliquer un admirable désordre législatif. Il faut uniformiser les systèmes, instaurer l’égalité entre salariés du privé et fonctionnaires”, explique-t-il. Le consultant a également préconisé la mise en place d’ “une caisse unique afin de nous diriger vers un système de financement qui permettra aux gens de se soigner sans s’appauvrir”.
La santé était l’un des secteurs pointés du doigt par le RNI dans son manifeste intitulé “La voie de la confiance”, publié au mois de mars 2018. Un texte où le parti à la colombe considérait la santé comme un “obstacle” provoquant chez les citoyens “un sentiment fondé d’humiliation, de hogra, tant chez des patients spoliés au moment même où ils franchissent le pas de l’hôpital, que chez un corps médical affligé par la précarité dont souffre l’exercice de ses fonctions”.
Une situation jugée “alarmante” par le parti d’Akhannouch qui a d’ores et déjà annoncé la tenue d’un nouveau forum de santé pour “donner à tout le monde l’occasion de s’exprimer”.