Un rapport de l’Agence nationale de réglementation des télécommunications au Maroc (ANRT), publié le 15 juillet, fait le point sur l’accès ainsi que l’usage d’Internet et des technologies numériques au Maroc durant l’année 2018.
Cette enquête, menée auprès de 5.400 ménages et individus, souligne un taux de pénétration en constante augmentation, notamment auprès des plus jeunes. Une consommation numérique, notamment sur mobile, qui occupe une part de plus en plus importante dans le quotidien des Marocains.
Les smartphones font leur trou, le téléphone fixe fait de la résistance
99,8 %. C’est le pourcentage de ménages marocains équipés de téléphones mobiles. “La totalité des ménages est équipée en téléphonie mobile (99,8 %), tant en milieu urbain que rural”, relève l’étude, précisant que le nombre moyen d’individus équipés en téléphone mobile dans un même ménage est de 3,9.
En matière de smartphones, les chiffres sont également en hausse par rapport aux années précédentes. À l’échelle nationale, 86,3% des ménages disposent d’un téléphone intelligent, contre 85,3% en 2017, mais avec des disparités plus larges entre les milieux urbain et rural. En ville, 91,1% des ménages disposent d’un smartphone, quand en milieu rural, ils ne sont que 78,1%. En tout, l’ANRT estime que 22,5 millions de Marocains sont propriétaires d’un smartphone.
“L’équipement en smartphones marque, sur sept ans, une croissance annuelle moyenne de 26%. La catégorie d’âge de 5 à 39 ans est la plus équipée avec des taux d’équipement allant de 80 à 88%”, constate l’ANRT. Au détriment du bon vieux téléphone fixe ? Si entre 2010 et 2017, les combinés se font de moins en moins présents dans les ménages (taux de pénétration passé de 39 à 19%), ces derniers ont affiché une légère augmentation l’année dernière, remontant à 21,8%. Une reprise davantage observée en milieu urbain. “Selon l’enquête, l’accès à Internet demeurerait la motivation principale pour l’équipement des ménages en téléphonie fixe (93%)”.
Des modes de consommation qui changent, avec des utilisateurs de plus en plus jeunes
Le taux de pénétration du smartphone connaît une progression plus rapide (3,1%) que celle du téléphone mobile (2,3%). Un constat particulièrement flagrant chez les plus jeunes. D’après l’enquête menée sur l’année 2018, les jeunes de 12 à 24 ans se situent au-dessus de la moyenne, et sont également ceux qui utilisent le plus les applications mobiles.
L’ANRT souligne que trois internautes sur quatre déclarent utiliser Internet quotidiennement. 75% des sondés y consacreraient plus d’une demi-heure par jour et, sur les trois derniers mois de 2018, six personnes sur dix ont déclaré passer plus d’une heure sur la Toile quotidiennement. De quoi détrôner la quasi-totalité des autres canaux comme la radio, les livres, et – de manière moins prononcée – la télévision, encore très présente dans les ménages marocains. “Le divertissement et l’actualité sont les principales motivations d’équipement des ménages en accès Internet, suivies des usages professionnels et scolaires”, note l’ANRT.
Sans surprise, le boom des réseaux sociaux
Ils occupent une place toujours plus importante dans le quotidien des Marocains. Ils sont 20,1 millions à en faire un usage de plus en plus “généralisé, indépendamment de l’âge et du genre”, constate l’ANRT. Cet usage des réseaux sociaux est particulièrement marqué chez “la génération Z”, les 12-18 ans d’aujourd’hui, dont le niveau de fréquentation des réseaux sociaux “frôle les 100%”.
En tête du podium sur les réseaux sociaux se trouve l’application de messagerie instantanée WhatsApp, avec 96,5 % d’utilisateurs parmi les personnes sondés. Suivent ensuite YouTube et Facebook, avec 90,6% et 88,4% d’utilisateurs. Dans son étude, l’ANRT estime que plus de la moitié des Marocains passent en moyenne une heure par jour sur les réseaux sociaux et huit personnes sur dix en font un usage quotidien.
L’e-commerce, un nouveau mode de consommation en pleine progression
Entre 2016 et 2018, l’ANRT a constaté une percée du commerce en ligne. Le recours au e-commerce concernait ainsi 14,2% des utilisateurs en 2018, contre 11,7% en 2016. Sur les personnes ayant déclaré avoir déjà passé commande en ligne en 2018, la moitié affirme l’avoir fait entre deux et cinq fois. La nature des achats est plutôt variée, même si les vêtements occupent une place prépondérante.
L’achat d’habits représente près de 70% des achats effectués sur Internet, loin devant le paiement des factures en ligne (30 %), les produits cosmétiques (29%), les voyages (28%), les équipements informatiques (22%) ou encore le mobilier (22,2%). Néanmoins, les Marocains font encore face à des difficultés au niveau des réclamations, de la fraude qui peut exister ou encore les délais de livraison. Sur l’année 2018, 78% des sondés ont affirmé avoir rencontré des problématiques liées à l’achat en ligne.
La cybersécurité en question, inconscience ou manque de prévention ?
73% des sondés à déclarer ne pas prendre conscience des risques et menaces qu’engendrerait l’utilisation d’Internet sans outils de protection. Un constat qui touche davantage les populations rurales que celles des centres urbains, d’après l’ANRT : “Les urbains sont six fois plus conscients des risques de l’Internet que les ruraux”.
Seuls 5,4% de ces derniers estiment avoir conscience des risques en ligne. Si les antivirus restent les moyens de protection les plus privilégiés, 14,3% des Marocains ne savent pas s’ils disposent d’outils pour protéger leur connexion. “Les personnes qui ne recourent à aucun moyen de protection le justifient par la non-connaissance des moyens de le faire”, estime l’Agence. Une situation qui découle davantage du manque d’information sur les outils (77,3%), plutôt que d’un réel manque de besoin.