Les images sont éprouvantes. Dans une vidéo publiée dimanche 7 juillet sur Facebook, filmée à Mejjatia Ouled Taleb, une commune rurale située dans la province de Mediouna, dans la région de Casablanca, une femme encore en état de choc raconte comment son mari l’a sévèrement battue. Le visage marqué par plusieurs traces de coups, les yeux enflés, elle enlève d’abord son foulard pour montrer la gravité de son agression, avant de relever ses manches ainsi que son pantalon pour dévoiler le reste de ses hématomes encore plus graves.
“Mon mari m’a battue parce que je lui ai simplement demandé pourquoi il avait tardé à venir”, raconte-t-elle, en pleurs. La femme explique ensuite qu’elle s’est rendue au poste de la gendarmerie locale, mais que les agents “n’ont pas voulu” la faire entrer. Elle assure aussi que son époux lui a pris ses deux filles après la dispute.
“Cet homme n’est pas humain. Comment a-t-il pu lui faire tout ça ? (…) Cette dame habite Mediouna. J’espère que les gens concernés prendront leur responsabilité”, se demande de son côté l’homme qui a filmé le témoignage.
Sur Facebook, la vidéo a été visionnée plus de 834.000 fois et partagée à plus de 18.000 reprises. Dans les commentaires, les internautes demandent notamment une intervention des autorités locales ainsi que celle de Bassima Hakkaoui, ministre de la Solidarité, de la Famille, de l’Egalité et du Développement social.
Enquête ouverte
Une source au sein de la brigade locale de la gendarmerie royale nous a assuré que contrairement à ce qu’elle affirme dans la vidéo, la femme en question “a bel et bien été entendue par les gendarmes” et sa “plainte a été enregistrée”. On ignore quand les faits ont eu lieu exactement. Toutefois, notre interlocuteur nous a indiqué que “les images ont été tournées après son passage à la gendarmerie”. “Une enquête a été ouverte et la procédure adéquate sera appliquée conformément aux dispositions de la loi”, nous assure-t-on.
La loi 103.13, entrée en vigueur en septembre 2018, incrimine désormais “certains actes considérés comme des formes de harcèlement, d’agression, d’exploitation sexuelle ou de mauvais traitement”. Elle durcit également les sanctions pour certains cas et prévoit des “mécanismes pour prendre en charge les femmes victimes” de violences, mais reste cependant faible selon la société civile. Selon une enquête nationale publiée en mai dernier par le département de Bassima Hakkaoui, 54,4% des Marocaines affirment avoir subi une forme de violence au cours de leur vie.