Un audit énergétique obligatoire pour les entreprises à partir de décembre

A partir de décembre 2019, les entreprises à haute consommation d’énergie devront se soumettre à un audit énergétique obligatoire. Les données récoltées aideront le gouvernement à affiner sa stratégie d’efficacité énergétique.

Par

Abdelhak Senna/AFP

Le gouvernement marocain veut impliquer tous les acteurs économiques dans la réduction de la facture énergétique du pays. Ainsi, comme le révèle L’Économiste dans son édition du 17 mai, l’audit énergétique deviendra, à partir du mois de décembre, obligatoire pour les établissements, les entreprises et les personnes physiques dont la consommation d’énergie thermique dépasse un certain seuil.

Celui-ci est fixé à 1500 tep (tonnes équivalent pétrole) par an pour l’industrie (y compris celles qui produisent de l’énergie), et à 500 tep par an pour le tourisme, la santé, l’éducation, le commerce, le transport et les services. Ne seront dispensés de cet audit que les établissements dont les activités sont couvertes par un système de management de l’énergie. Le décret entérinant cette obligation vient d’être inscrit au Bulletin officiel. La loi datait, elle, d’une panoplie de textes sur l’efficacité énergétique datant de 2011.

Dès aujourd’hui, les sociétés qui dépassent ces seuils sont tenues d’entamer l’audit, lequel portera sur l’ensemble des activités, procédés industriels, bâtiments et véhicules exploités. Les données récoltées seront transmises à l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE) qui sera chargée de les collecter, de les analyser et de transmettre ses conclusions au ministère de l’Énergie. L’entreprise est tenue de communiquer tous les ans ses données énergétiques à l’AMEE et de renouveler l’audit tous les 5 ans.

Impliquer les entreprises dans la stratégie nationale

Les organismes d’audit qui seront chargés de ces inspections devront disposer d’au moins deux spécialistes des énergies. Les sociétés qui auront été jugées capables recevront, du ministère, une homologation pour une durée de 5 ans, qui en fera les seuls organismes habilités à pratiquer ces contrôles. La sélection de ces organismes n’a pas débuté. Pour eux, les retombées financières seront conséquentes.

Dépendant à 93% de ses importations d’hydrocarbures, le Maroc a mis sur pied une stratégie nationale visant à réduire de 15% la facture énergétique du pays d’ici 2030. S’il prévoit d’injecter 30 milliards de dollars au cours des dix prochaines années dans les énergies renouvelables, le gouvernement a récemment pris conscience de la nécessité d’impliquer les entreprises dans les politiques d’efficacité énergétique, tel que l’expliquait le ministre de l’Énergie Aziz Rebbah le 6 avril lors d’une conférence de l’AMEE à Marrakech.